Yifat Eklkouby est intarissable lorsqu’elle parle de la progression des quartiers juifs à Hevron. Cette habitante du fameux Beth Hashalom nous raconte la naissance de l’association Ar’hivi et la façon dont, depuis 12 ans, elle permet d’étendre la présence juive dans la ville des Patriarches.
Amener la vie là où le sang juif a été versé
Les Juifs de Kiryat Arba Hevron n’oublieront jamais cette nuit de shabbat Vayetsé, il y a 17 ans. Les soldats qui assurent la sécurité des fidèles qui vont prier de Kiryat Arba à la Mearat Hamahpela, tombent dans un guet-apens tendu par des terroristes arabes. Venus leur porter secours, les volontaires de la kitat konenout (sécurité civile du yishouv) sont eux aussi pris au piège dans ce ”Tsir Hamitpalelim”, cette ruelle très étroite devenue tristement célèbre, cette nuit-là. 12 Israéliens, membres des différentes forces de sécurité, sont tués. Le choc est immense.
Pendant ce temps, aux Etats-Unis, un Juif du nom de Morris Abraham, se prépare à faire entrer Shabbat. Il écoute les informations et entend le drame qui se joue à Hevron, où il s’était rendu deux semaines auparavant pour le Shabbat Hayé Sarah. Il décide que le sang juif ne sera pas versé en vain. Après Shabbat, il contacte des amis sur place et leur demande de l’aider à acheter une maison à Hevron afin que la vie juive l’emporte au quotidien.
La mission qu’il leur confie n’est pas aisée. On sait que tout Arabe qui vend sa maison à un Juif est automatiquement condamné à mort. Et quel gouvernement israélien accepterait de valider cela? Mais Morris Abraham s’entête et il ajoute qu’il ne veut pas acheter une maison dans le quartier juif déjà existant mais une maison qui permettrait d’entamer une continuité juive entre Kiryat Arba et Hevron, tout comme le fait le Tsir Hamitpalelim.
Beth Hashalom: la première maison en dehors du quartier juif
A cet endroit précisément se trouve un bâtiment que les Arabes avaient l’intention de transformer en centre commercial et d’y installer les bureaux de l’Autorité palestinienne (AP). ”Quelle ne fut pas notre surprise quand nous avons compris que les propriétaires arabes étaient prêts à nous vendre la maison”, s’exclame Yifat. Afin de protéger le vendeur des menaces de l’AP, l’achat se fait sans même visiter les lieux, uniquement sur la base de photos et on se soucie de le mettre à l’abri après.
Les premiers Juifs à habiter Beth Hashalom, dont Yifat et sa famille, s’installent Rosh Hodesh Nissan, en 2007. ”Le problème c’est que nous entrons sans avoir obtenu l’autorisation (heter isska) du ministère de la Défense. Les plus optimistes nous prédisaient que nous passerions la nuit avant d’être expulsés, les moins nous accordaient quelques minutes. Finalement, nous y avons vécu un an et neuf mois”.
Dans quelles conditions avez-vous vécu ? “Nous n’avions ni eau, ni électricité au départ. Nous avons du tout pirater. Nous avions 4 toilettes pour 10 familles. Je me souviens la queue d’enfants avec leur brosse à dents devant la salle de bains ! Nous possédions une seule machine à laver pour tout le monde, le réseau électrique ne pouvant pas en supporter davantage, et chacune à notre tour, suivant un planning défini, nous pouvions laver notre linge. Nous n’avions pas de fenêtre, seulement des plastiques. Lorsqu’en plein hiver, l’une d’entre nous a accouché, nous nous demandions comment ce bébé allait passer la saison. Mais comme le gouvernement avait décidé d’accorder une aide humanitaire à Gaza en raison de la dureté de l’hiver, nous avons pu la réclamer aussi au nom de l’égalité et ainsi mettre des fenêtres !”. Yifat souligne le comble de devoir obtenir autant d’autorisations pour simplement vivre décemment dans une maison dûment achetée.
Les enfants avaient entre 0 et 20 ans et tous en gardent un bon souvenir, ils avouent aujourd’hui être nostalgiques de cette époque. ”Quand c’était difficile, je voyais devant moi la Rabbanite Levinger et son époux le Rav Levinger, zatsal. Ce sont eux qui ont insufflé le souffle du retour du peuple juif à Hevron et dans quelles conditions ! Ils nous donnent la force de poursuivre, ils sont un exemple”.
L’expulsion des familles est liée au fait que soudainement, l’Arabe qui leur avait vendu la maison, a commencé à nier la transaction. ”Malgré toutes les preuves que nous avions, le ministre de la Défense de l’époque, Ehoud Barak, n’a pas voulu nous écouter. Pendant 5 ans, la maison est restée fermée. Morris Abraham a encore déboursé des centaines de milliers de dollars en frais de justice et finalement le tribunal lui a donné raison. Nous avons reçu le Heter Isska et sommes revenus à Beth Hashalom”.
De grands projets sont prévus autour de ce bâtiment, d’abord une rénovation pour y faire des appartements neufs et modernes et agrandir ce nouveau quartier juif pour accueillir 15 familles.
Projet pour la rénovation de Beth Hashalom
Acheter des maisons aux Arabes, c’est possible !
L’expérience de Beth Hashalom a montré que ce que l’on pensait impossible était tout à fait réalisable : acheter des maisons aux Arabes et ainsi libérer Hevron. C’est dans cet objectif qu’a été créée l’association Ar’hivi Mekom Aole’h. ”Nous ne voulons plus attendre que le sang juif soit versé pour obtenir la construction d’une nouvelle maison ou d’un nouveau quartier. Nous prenons l’initiative”.
L’association a, ainsi, acquis grâce à des acheteurs de tout le pays, trois autres maisons : deux à côté de la Mearat Hamahpela – Beth Rahel et Beth Léa – et une en face – Beth Hamahpela. Les appartements sont mis en location, et les demandes sont nombreuses ! Là aussi pourtant, les premiers temps n’ont pas été faciles, mais petit à petit, les lieux sont rénovés, grâce aux dons que reçoit l’association. ”Le peuple d’Israël est avec nous ! Chacun se sent concerné”.
Beth Hamahpela
Et surtout, Yifat souligne le fait que contrairement à ce que l’on pense, les Arabes sont prêts à vendre leur maison à des Juifs. ”Depuis que nous existons et que nous commençons à être connus, beaucoup d’Arabes se tournent vers nous pour nous vendre leur bien”.
D’ailleurs, aux dires d’Yifat, la cohabitation se passe plutôt bien. ”Nos enfants jouent au foot dans la rue, font du vélo, de la trottinette”.
Fenêtres de Beth Léa
Est-ce qu’ils ont l’impression de faire preuve d’un courage particulier ? Yifat balaie ce qualificatif : ”Nous avons une chance inouïe ! Vous vous rendez compte, vivre à Beth Hamahpela, c’est préparer ses salades du Shabbat en regardant la Meara et le champ acheté par Avraham Avinou ! Chaque geste du quotidien revêt une dimension particulière ! Quelle chance nous avons de pouvoir faire grandir nos enfants ici, nous nous relions à nos racines”.
Sur le toit de Beth Rahel
L’association compte bien poursuivre sur sa lancée. D’abord en terminant la rénovation des maisons déjà achetées et qui commencent à se peupler. Ensuite, en achetant d’autres maisons afin d’augmenter la présence juive à Hevron. Et pour cela, elle sait qu’elle peut compter sur le soutien du peuple d’Israël.
Pour aller plus loin:
Tél: *6740
Guitel Ben-Ishay
Crédit photos: Ar’hivi Mekom Aolé’h
Bravo à ceux d’entre nous qui s’y installent: il faut bien du courage pour exposer ainsi sa famille, au nom de notre foi.
Cela devrait être plus facile à s’installer pour des familles israéliennes , si le gouvernement israélien n’émettrait pas des refus systématiques et bêtes , face aux chantages des arabes de Abbas, nous sommes chez nous ! N’importe qui peut vendre à n’importe qui !