« Le Parlement européen est vulnérable à l’ingérence étrangère. » Après l’arrestation spectaculaire de la vice-présidente du parlement européen dans ce que la presse appelle déjà le Qatargate, cette conclusion désabusée d’un membre de cette institution à première vue respectable ne devrait pas étonner. Seulement cette vulnérabilité était connue de longue date. En 2019 Le Monde avait publié une étude circonstanciée sur « Le lobbying dans les arènes de l’Union européenne. » « Le secteur représente un business estimé à 3 milliards d’euros par an au sein de l’UE, selon des travaux du chercheur en sciences politiques Dieter Plehwe publiés en 2012 sur la base d’environ 5 000 organisations enregistrées alors sur le registre. Le chiffre est donc probablement bien en dessous de la réalité aujourd’hui. » Bien sûr, parfaitement et encadré le lobbying est une activité parfaitement légitime. Il a théoriquement pour but de mieux informer les parlementaires sur les sujets appelés à être soumis à leur vote. C’est ainsi que la vice-présidente du parlement a été invitée à se rendre à Doha pour juger la situation sur place. De retour à Bruxelles, elle a fait l’admirable déclaration suivante le 22 novembre :
« Aujourd’hui, la Coupe du monde de football au Qatar est une preuve concrète de la façon dont la diplomatie sportive peut aboutir à une transformation historique d’un pays dont les réformes ont inspiré le monde arabe…Le Qatar est un chef de file en matière de droits du travail ».
Nul n’a apparemment réagi dans la salle…sauf les limiers du parquet fédéral belge. Son arrestation n’a pas tardé. Le parquet publiera plus tard un communiqué affirmant qu’un « pays du Golfe » était soupçonné « d’influencer les décisions économiques et politiques du parlement européen en offrant des sommes d’argent conséquentes ou en offrant des cadeaux importants à des tiers ayant une position politique et / ou stratégique significative au sein du parlement européen. » Quelle sanction est-elle envisagée contre ce « pays du Golfe » vite identifié comme étant le Qatar ? Aucune sans doute. Le lendemain le président français était à la tribune d’honneur à Doha pour assister au match contre le Maroc et y sera de nouveau dimanche pour la finale de ce Mondial pas comme les autres. C’est qu’il faudrait être bien naïf pour s’imaginer que ce genre de choses n’arrive qu’en Belgique. Que les parlementaires d’autres pays restent tous insensibles au charme discret des pétromonarchies et de leurs dollars. Que les délégués de telle ou telle nation dans les comités et les commissions des Nations Unies résistent à la tentation en toute occasion et ne votent qu’en fonction de leur conscience. Qu’il en est de même des dirigeants d’états souverains. Et n’oublions-pas les universités et instituts de recherche toujours à la recherche de mécènes et parfois prêts à fermer les yeux sur telle ou telle pratique des généreux donateurs.
Il est bon de garder cette réalité à l’esprit quand on se plaint de ne pas entendre la voix d’Israël au milieu des clameurs de ses ennemis.
Michèle Mazel est diplômée de Sciences-Po et licenciée en Droit, et a été boursière Fullbright en Sciences Politiques. Pendant plus de trente ans, elle a accompagné de par le monde son mari, le diplomate Zvi Mazel, qui fut notamment ambassadeur d’Israël en Egypte, en Roumanie et en Suède.
Elle en a tiré la matière de nombreux ouvrages – thrillers et romans. Elle contribue régulièrement à plusieurs organes de presse.
Je peux mieux comprendre la promotion du voile dernièrement dans l’affichage européen et l’hostilité récurrente subie par Israël ….