UN DOCUMENT EXCLUSIF ISRAELVALLEY. Climat : Quels enseignements Israël peut-il tirer de la conférence COP21 de Paris ?
Eric Semel est Docteur en Sciences Physiques (Université Paris-XI) et diplômé de l’Institut Supérieur
d’Ingénierie et de Gestion de l’Environnement (ISIGE – Ecole des Mines de Paris). Sur les questions de changement climatique et de développement de technologies pour l’efficacité énergétique, Eric Semel a travaillé successivement chez Aéroports de Paris et à l’Institut Français du Verre. Il a également été le représentant officiel de l’Industrie (mandat MEDEF) au sein de la Commission ministérielle sur les quotas de CO2 entre 2009 et 2012.
L’ARTICLE. Un mot tout d’abord pour résumer les engagements d’Israël vis-à-vis de la COP : réduire de 26% les émissions de CO2 par habitant à l’horizon 2030 (année de référence : 2005), soit passé de 10,4 tonnes de CO2 / habitant à 7,7 tonnes de CO2 / habitant.
Décliné par secteur, cela conduit à :
– Réduire de 17% la consommation d’électricité d’ici à 2030 (par rapport au scenario de
référence « au fils de l’eau »)
– Atteindre 17% d’énergie renouvelable dans le mix énergétique d’ici à 2030
– Faire baisser de 20% les transports privés vers l’utilisation de transport en commun public.
Au-delà de ces grands objectifs, intéressons-nous à quelques aspects plus spécifiques :
ISRAEL, LEADER TECHNOLOGIQUE DANS LE MONDE
1. Plusieurs entreprises qui faisaient parties de la délégation officielle israélienne ont été très
positivement remarquées, en présentant des technologies de rupture sur les thématiques de
l’eau, des déchets, de l’énergie solaire, de l’utilisation alternative des rejets de CO2 …
Fidèle à sa réputation de dynamisme et d’inventivité, Israël apporte au Monde des solutions
qui contribueront à réduire l’empreinte environnementale de nos sociétés sur la planète.
ISRAEL, UN PETIT CONTRIBUTEUR AU PROBLEME CLIMATIQUE …
2. Il est intéressant de regarder les chiffres transmis par Israël à l’organisation de la COP21
(chaque pays devait fournir avant le début de l’évènement un dossier chiffré sur ses
engagements propres à réduire ses émissions de gaz à effet de serre). Disons le d’emblée,
Israël est un petit acteur du changement climatique. Ses émissions de gaz à effet de serre ne
représentent que 0,2% des émissions mondiales. Pas de quoi changer la donne au niveau
international. Ainsi que me le disais un responsable d’un des ministères israélien concerné
par le sujet : mis à part les nouveaux débouchés offerts par le domaine climatique aux
inventions israéliennes, il n’y a pas grand-chose ni à dire ni à faire…
OUI MAIS C’EST LA QU’IL Y A UN OS
3. Un chiffre vient cependant déchirer cet étourdissant constat : le KWh électrique israélien
« contient » 0,75 kg de CO2 (en d’autres termes : produire et livrer jusqu’à domicile 1 KWh
d’électricité conduit à l’émission de 750 gr de CO2). C’est 10 fois plus qu’en France (0,075 kg
de CO2 / KWh) et 2 fois plus que la moyenne européenne (0,370 kg de CO2 / KWh).
Israël est ainsi un pays dont l’énergie est très carbonée.
C’est-à-dire très dépendante en énergie fossile, beaucoup plus que nos voisins européens avec un modèle de société comparable au notre. Le Ministère des Infrastructures et de l’Energie le confirme d’ailleurs : l’impression que donne Israël, pays dont l’eau chaude domestique est quasiment
uniquement produite par énergie solaire, est un « trompe l’oeil », tant la contribution des
fameux ballons chauffe-eau installés sur les toits est marginale.
4. J’ai eu l’opportunité d’échanger récemment de façon informelle avec un responsable
ministériel en charge de programmes de soutien au développement d’entreprises
israéliennes du secteur technologique. Ce responsable ministériel m’avouait que la quasitotalité
des programmes soutenus était destinée, à terme, à se développer commercialement en dehors d’Israël et que l’orientation générale était donc à la connaissance des besoins à l’étranger. Au vu des quelques éléments ci-dessus, il serait peut-être souhaitable que la « StartUp Nation » concentre aussi ses efforts sur elle-même.
A force de lorgner sur la tendre et verte herbe du voisin, on finit parfois par oublier d’arroser sa propre pelouse…
5. Reprenons notre introspection chiffrée de la situation israélienne. On est amené au constat
suivant : 30% de la consommation d’électricité est le fait des usages domestiques (i.e.
habitations particulières), auxquels s’ajoutent 30% pour les besoins des bâtiments accueillant
du public (bâtiments officiels comme les ministères, centres commerciaux…). En d’autres
termes, près des deux tiers de cette consommation est le fait de décisions individuelles
(maisons) ou de décisions « prises pour le confort des individus » (climatisation dans les
centres commerciaux…).
ALORS QUE FAIRE…
Le programme de renouvellement technologique et de réduction des consommations décidé par les
autorités israéliennes est ambitieux et souhaitable. Mais ses chances de fonctionner et de donner
des résultats dépendent fortement des prises de conscience tant des décideurs économiques dans
leurs choix d’investissement que des citoyens du pays dans la nécessité de se discipliner…
Eric Semel
Source: Copyrights IsraelValley et Eric Semel.