C’est l’exemple des Maccabim qui a donné au jeune Ezra Yakhin, dans les années 30, l’envie de se battre pour libérer la terre d’Israël de la présence anglaise. Né en 1928 à Yaffo, Ezra Yakhin fait partie de la longue liste de héros que notre peuple a compté et qui nous permettent de vivre aujourd’hui sur cette terre. LPH a pu l’interroger à quelques jours d’une conférence qu’il donnera à Emouna Chléma Biroushalayim.
Amener la liberté au peuple d’Israël
C’est à 8 ou 9 ans qu’Ezra Yakhin a découvert l’ambition de sa vie: se battre pour la liberté du peuple d’Israël. ”Mon frère me racontait l’histoire des Maccabim qui ont lutté pour expulser de notre terre, la présence étrangère qui les opprimait. Nous vivions alors sous l’occupation anglaise et mon rêve est devenu celui de rejoindre les combattants contre cette puissance étrangère”.
A 15 ans, il demande à entrer dans les rangs du Le’hi, qu’il intégrera à 16 ans.
Si jeune et déjà en prise avec la violence des combats: était-ce courant à cette époque? “Les jeunes de 15 ou 16 ans à cette époque étaient déjà des adultes. La plupart travaillaient pour nourrir leur famille. En ce qui me concerne, je n’ai pas été très loin à l’école et à 14 ans je travaillais pour la poste. On ne peut pas comparer les adolescents de cette époque à ceux d’aujourd’hui”.
Et pourtant, ces jeunes hommes sont confrontés aux pires atrocités de la guerre. L’un des événements le plus traumatisant pour Ezra Yakhin aura été la capture puis la torture jusqu’à la mort de son meilleur ami: Alexander (Haïm) Robovitch, alors âgé de 16 ans. ”Nous avions une amitié très forte, son sort m’a bouleversé”.
A la Déclaration d’Indépendance, Ezra continue à se battre au sein du Le’hi contre les Arabes. Alors qu’il faisait partie d’un groupe qui voulait libérer la vieille ville de Jérusalem, il est grièvement touché par un éclat d’obus, à la tête. ”J’ai dû subir une opération en urgence, sans anesthésie”, se souvient-il. Sur la table d’opération, sa seule pensée va à Jérusalem: a-t-on pu libérer la vieille ville? Il apprendra après que les dirigeants ont préféré signer un cessez-le-feu, cette partie de la ville devra attendre 1967 pour être récupérée par le peuple juif.
Par miracle, il survit mais perd l’usage de son œil droit. “Pendant 5 ans, je me suis battu contre la mort, j’y suis passé près, à plusieurs reprises”. Il nous avoue que sa plus grande souffrance a été de voir ses parents s’inquiéter pour lui. ”Ma mère était égyptienne, elle avait vu l’armée anglaise tirer sur des foules rebelles. Elle priait pour moi, toujours la même prière: que D’ieu rende tes ennemis aveugles, qu’ils ne te remarquent pas. Et c’est véritablement ainsi que cela s’est passé, je suis toujours passé entre les mailles du filet”.
Après sa blessure et la perte de plusieurs de ses amis chers, il a décidé de changer le surnom qu’il avait au sein du Le’hi, de ”El’hanan” à ”Elnakam”, D’ieu a vengé. “Ces blessures, nos victimes sont regrettables, mais c’est ainsi que nous avons pu amener la liberté au peuple d’Israël”
Le plus vieux milouïmnik
Ecrivain, Ezra Yakhin, aujourd’hui âgé de 91 ans, a consacré sa vie à raconter son histoire devant différents publics, notamment des soldats. Ces conférences, il les tient, dans le cadre de son service de réserviste de Tsahal. ”Je suis le plus vieux soldat de réserve de l’armée”, déclare-t-il avec fierté. Il a donné plus de 900 conférences, à ce jour, et à chaque fois c’est pour lui la même passion et la même envie de transmettre qui renaît.
“Notre société se trouve face à deux défis qu’elle doit absolument relever: faire venir le maximum de Juifs en Israël et montrer, sans ambiguïté, à nos ennemis que nous sommes chez nous”. C’est la critique qui revient le plus chez ce combattant éternel: nos dirigeants ne sont pas assez forts, pas assez fermes face à l’ennemi: ”C’est une maladie juive, depuis Yaakov Avinou: nous sommes humains, nous avons pitié d’eux. Ce n’était pas notre philosophie au Le’hi. Nous ne devons pas hésiter. Montrer des signes de faiblesse nous est fatal: aujourd’hui, on nous attaque même avec des ballons et des cerfs-volants!”.
N’y a-t-il pas une limite dans ce combat? “Il n’y en a qu’une: que le moins d’Israéliens possible soient touchés. Le seul paramètre à prendre en compte avant une action c’est si elle met en péril les nôtres, civils et soldats”. Il déplore l’attitude de certains politiques mais aussi journalistes qui, par leur attitude, sont à l’origine de morts inutiles dans nos rangs.
Amoureux du peuple d’Israël
Ses critiques acerbes, Ezra Yakhin les garde pour la classe dirigeante. Le peuple, en revanche, il en est épris: ”Regardez ce que nous apportons au monde sur le plan technologique, humanitaire, scientifique! Nous sommes une bénédiction pour le reste du monde. Quand je regarde les gens vivre ici, je vois les meilleures personnes au monde”.
C’est d’ailleurs son message principal: ”L’Ahavat Israël doit être à la base de tout. C’est aussi dans cet esprit qu’il est indispensable que nous accueillions les olim. C’est aussi grâce à cette union que nous frapperons fort nos ennemis, pour que notre peuple continue à vivre fièrement et librement”.
Conférence d’Ezra Yakhin, Merc. 20/02, 20h, Communauté Emouna Chléma Biroushalayim, Rehov Rivka 9, Jérusalem.
Guitel Ben-Ishay