- Fête des Semaines. Chavouot, qui est célébré les 6 et 7 Sivane, est indiquée dans la Torah seulement comme étant la fête qu’on célèbre à l’expiration de la période des Sept semaines qui suivent le jour de l’offrande du Omer au Temple. En effet, le cinquantième jour de ce compte correspond régulièrement au 6 du troisième mois, Sivane, le jour où nous célébrons le Don de la Torah. La fête tire ainsi son nom de cette période qui la précède : Chavouot signifie Semaines. La raison de ce rapport étroit entre la fête et la période qui la précède est dans l’intention d’associer dans notre esprit Chavouot et Pessa’h*. Car Chavouot se présente presque comme la conclusion de Pessa’h. La fête est d’ailleurs connue dans le Talmud sous le nom d’Atséreth, qui signifie « conclusion » ou « clôture ». Nos Sages nous expliquent que si la date exacte du Don de la Torah sur le Mont Sinaï n’est pas mentionnée dans la Bible, c’est afin que nous sachions que la Torah doit être considérée par nous chaque jour comme si elle venait de nous être donnée.
- 2. Don de la Torah. Dans nos prières et dans le Kiddouche nous nous référons à Chavouot comme Zemane Matane Toraténou– Temps du Don de notre Torah». La Révélation sur le Mont Sinaï, quand D.ieu nous donna la Torah, eut lieu le saint jour du Chabbat 6 Sivan, en l’an 2448 après la Création. Voici la date vraiment importante que nous devons retenir, car c’est à partir d’elle que nous sommes devenus le peuple juif.
- Fête de la Moisson. Plus tard quand notre peuple s’établit dans la Terre Sainte et que le saint Temple fut érigé à Jérusalem, la fête de « Matane Torah» acquit encore plus d’importance comme ‘Hag Ha-Katsir–Fête de la Moisson.
- Fête des Prémices. Chavouoth tombe à l’époque de la récolte du blé, et deux pains de farine de froment étaient portés en offrande au Beth HaMikdache-Temple en signe de gratitude envers D.ieu pour l’abondante récolte, c’est pourquoi cette fête est appelée aussi ‘Hag ha-Bikourim, fête des Prémices. « Chaloche Régalim – Trois Pieds». Chavouot est la seconde des Trois Fêtes de Pèlerinage, les deux autres étant Pessa’h et Souccot. Ces trois fêtes ont une dimension agricole et sont appelées « Trois Pieds» car, à l’époque du Beth ha-Mikdache, les juifs montaient à pieds vers le Beth-haMikdache pour y offrir les prémices de la saison. Contrairement aux deux autres fêtes qui comportent des Mitsvot spécifiques (la Matsa, le Maror, etc. à Pessa’h ; la Souccah, les « quatre espèces » à Souccot), Chavouot n’a aucune Mitsva particulière, ni aucune cérémonie distincte. La raison en est qu’à Chavouot la Torah entière nous fut donnée et, par voie de conséquence, les Mitsvoth dans leur totalité.
ASSERETH HA-DIBROTH – LES DIX « PAROLES » – LES DIX COMMANDEMENTS
- Je suis l’Éternel, ton D.ieu, qui t’a fait sortir du pays d’Égypte, d’une maison d’esclaves.
- Tu n’auras point d’autres dieux devant moi. Tu ne te feras point d’idole, ni toute image de ce qui est en haut dans le ciel, ou en bas sur la terre, ou dans les eaux au-dessous de la terre. Tu ne te prosterneras point devant elles, tu ne les adoreras point ; car moi, l’Éternel ton D.ieu, je suis un D.ieu jaloux, qui poursuis la faute des pères sur les enfants jusqu’à la troisième et à la quatrième génération, pour ceux qui me haïssent ; et qui exerce la bienveillance jusqu’à la millième, pour ceux qui m’aiment et gardent mes commandements.
- Tu n’invoqueras point le nom de l’Éternel ton D.ieu en vain ; car l’Éternel ne laisse point impuni celui qui invoque son nom en vain.
- Souviens-toi du jour du Chabat pour le sanctifier. Durant six jours tu travailleras, et tu auras fait tout ton travail ; et le septième jour c’est le Chabat pour l’Éternel ton D.ieu : tu ne feras aucun travail, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur homme ou femme, ni ton bétail, ni l’étranger qui vit dans tes murs. Car en six jours l’Éternel a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qu’ils renferment, et Il s’est reposé le septième jour ; c’est pourquoi l’Éternel a béni le jour du Chabat et l’a sanctifié.
- Honore ton père et ta mère, afin que tes jours se prolongent sur la terre que l’Éternel ton D.ieu t’accordera.
- Tu ne tueras point.
- Tu ne commettras pas d’adultère.
- Tu ne voleras pas.
- Ne rends point contre ton prochain un faux témoignage.
- Ne convoite pas la maison de ton prochain ; Ne convoite pas la femme de ton prochain, son serviteur ni sa servante, son bœuf ni son âne, ni rien de ce qui est à ton prochain. ***
COUTUMES
Fleurs et plantes. Chavouot était la « fête de la récolte », il est de coutume de décorer sa maison et la synagogue avec des fruits, des fleurs et des plantes vertes. De plus, nos Sages relatent que, bien que le mont Sinaï soit une montagne rocailleuse située en plein désert, il se recouvrit d’un tapis d’herbe et d’une multitude de fleurs lors du don de la Torah.
NOTE : Toutes les décorations doivent être mises en place tôt la veille de Chavouot, avant le début de la fête, afin de respecter la sainteté du jour.
Aliments lactés. Il est de coutume de consommer des aliments lactés le premier jour de Chavouot. Il y a plusieurs raisons à cette coutume :
- a) Lors de la fête de Chavouot, une offrande constituée de deux pains était apportée au Temple au nom de tout le peuple juif. Pour commémorer cela, nous prenons deux repas à Chavouot : d’abord un repas ou un aliment lacté, puis, après une courte interruption, nous prenons le repas de viande traditionnel de la fête.
- b) Lors du don de la Torah, les Juifs reçurent l’obligation d’observer toutes les lois alimentaires de la Cacheroute. Comme la Torah fut donnée un Chabat, il fut impossible d’abattre rituellement des animaux, ni de « cachériser » les ustensiles de cuisine. Ainsi, ce jour-là, nos ancêtres consommèrent des produits laitiers.
- c) Une autre raison est que la Torah est comparée au lait nourrissant. Et au Mont Sinaï nous étions des nourrissons, vu que nous venions de naître officiellement en tant que peuple.
- d) En outre, le mot hébraïque pour lait est « ‘Halav». La somme des valeurs numériques de chacune des lettres du mot ‘halav – 8 + 30 + 2 = C’est le nombre de jours que Moïse passa sur le mont Sinaï pour recevoir la Torah.
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LE LIVRE DE RUTH
Le Livre de Ruth fut donné par le prophète Samuel. Il convient de lire ce livre de Ruth à Chavouot, pour trois raisons :
- a) Tout d’abord, ce livre brosse un tableau de la récolte et montre comment les pauvres étaient entourés de sympathie et d’amour pendant la saison de la moisson et Chavouot était une fête de la moisson. b) Parce que Chavouot est l’anniversaire du décès du roi David, et que le Livre de Ruth nous raconte l’origine de la dynastie de David. Le roi David était, en effet, l’arrière-petit-fils de Ruth et de Boaz. c) Le Guér Tzédek. Mais la raison principale pour laquelle nous lisons ce livre le jour de cette fête, réside dans le fait que le récit de Ruth nous donne une description en termes vivants du Guér Tzédek –Converti Juste. Chavouot est le jour du Don de la Torah et, lorsque nous l’avons reçue, nous nous sommes engagés, tout comme le converti, à suivre ses six cent treize commandements. Un vrai Juif est à tout moment fier d’accepter sans hésitation la Torah et son merveilleux enseignement. Malgré toutes les difficultés, restrictions et responsabilités qu’entraîne, pour un Juif adulte, l’acceptation de la Torah, il sera toujours conscient du privilège d’appartenir au « peuple élu » de D.ieu.
Les Juifs ne cherchent pas à convertir les autres. Lorsqu’un non juif veut devenir un Guér, vient et dit qu’il veut devenir Juif, notre Torah nous dit que nous devons attirer son attention sur toutes les difficultés et le poids des responsabilités qui pèsent sur tout Juif dans l’accomplissement de la Torah. Nous devons lui montrer qu’il choisit là une voie difficile et une vie qui n’est pas vue favorablement des autres peuples. Si, malgré toutes ces considérations et avertissements, le non-juif persiste dans sa volonté de se convertir, nous pouvons être fiers d’accepter une telle personne parmi nous, car il sera certainement un Juif dévoué et sincère. (Onkelos, l’auteur bien connu du Targoum, traduction araméenne de la Bible, était un Guér Tsédek, de même que Ruth, la moabite).
L’histoire de Ruth. Ruth était une princesse à Moab. Elle était mécontente de l’idolâtrie de son peuple et lorsque l’occasion s’en présenta, elle abandonna avec joie les titres royaux pour mener une vie de pauvreté, parmi des gens qu’elle admirait. Ce fut à l’époque où les Juges régnaient sur Israël. Les enfants d’Israël n’observaient plus les mitzvoth, ce qui leur valut la punition de D.ieu : une grande famine sévissait dans le pays. Un homme nommé Elimélekh, un riche commerçant pas habitué à la pauvreté, décida de s’en aller ailleurs. Il se rendit donc à Moab avec sa femme, Naomi, et ses deux fils. Ruth devint l’amie de cette famille juive et commença à apprécier leur mode de vie, les lois et coutumes juives. L’idolâtrie insensée de son peuple la répugnait. Aussi, lorsqu’un des fils de Naomi exprima le désir de l’épouser, Ruth en fut à la fois heureuse et fière.
Elle abandonna sans regrets une vie de luxe au palais, ses titres royaux, ainsi que la richesse et les honneurs. Elle ne voyait que l’égoïsme et la cruauté de son peuple, comparés aux qualités des Juifs auxquels elle s’était attachée maintenant. Mais, quelque temps après, Elimélekh et ses deux fils moururent. Naomi, devenue veuve, ne savait où aller ni que faire. Un beau jour, elle dit à Ruth et à son autre belle-fille Orpa, une moaviah (moabite, membre du peuple de Moav-Moab) également : « Mes filles, il faut que je m’en aille. J’ai décidé de retourner dans ma ville natale, Bethléhem. La vie ne doit pas être agréable là-bas et il n’y a donc aucune raison que vous souffriez aussi. Acceptez le conseil que je vous donne et retournez à la maison de vos parents. Vos maris sont morts. Peut-être, dans votre pays, pourriez-vous vous remarier. Moi, j’ai perdu à tout jamais mes fils, mais vous qui êtes jeunes, vous pouvez trouver un autre mari. » Orpa avait l’air triste. Finalement, elle embrassa sa belle-mère et lui dit au revoir. Mais Ruth, les larmes aux yeux, s’accrocha à Naomi en lui demandant de lui permettre d’aller avec elle. Elle la supplia en ces termes : « Ne me presse pas de te quitter pour m’éloigner de toi : car où tu iras, j’irai ; où tu demeureras, je demeurerai. Ton peuple sera mon peuple, ton D.ieu sera mon D.ieu ; où tu mourras, je veux mourir et être ensevelie. Que l’Éternel me traite avec la rigueur la plus extrême, si rien autre que la mort me sépare de toi. » Ruth savait très bien ce qu’elle faisait, car Naomi avait attiré son attention sur les difficultés que les Juifs rencontraient continuellement. Cependant, Ruth resta ferme dans sa résolution de suivre sa belle-mère et de rester fidèle à la religion qu’elle chérissait tant. Plus tard, Ruth fut récompensée à juste titre de sa grandeur d’âme, mais, même au temps de sa pauvreté, elle ne regretta jamais.
En Terre d’Israël. Lorsque Ruth et Naomi arrivèrent dans le pays de Juda, la moisson battait son plein. Les deux femmes étaient fourbues de fatigue après leur long voyage. Ruth réussit à persuader Naomi de rester chez elle, tandis qu’elle se rendrait aux champs de Bethléem, afin de trouver quelque nourriture pour sa belle-mère et pour elle-même. Ruth s’approcha d’un champ dans lequel de nombreux hommes étaient occupés à faucher le blé, tandis que d’autres le liaient en gerbes, l’entassaient sur les chars et le transportaient ailleurs. D’une allure un peu hésitante, Ruth entra dans le champ, s’assit et attendit sa chance. Soudain, une voix agréable la fit sursauter : « Sois la bienvenue, étrangère. » Elle répondit à cet aimable bonjour. « Viens plus loin dans le champ. N’aie pas peur. Tu pourras glaner quelques épis et manger à ta faim.»
L’homme qui lui parlait était Boaz, le propriétaire du champ. Boaz était Juge d’Israël à cette époque. Ruth le remercia et glana quelques épis. Elle allait repartir, mais Boaz la pria instamment de rester un petit peu et de ramasser ce que les moissonneurs avaient laissé dans les coins du champ comme « Péah ». « Qu’est-ce que la Péah ? », demanda Ruth. Et Boaz lui répondit : « Dans la Torah, il est indiqué que lorsque le propriétaire d’un champ fait la moisson, il doit laisser un coin du champ pour les nécessiteux et les étrangers, pour qu’ils viennent récolter eux-mêmes et en profitent. » Ruth ne cacha pas sa joie. Elle resta, coupa le blé dans un coin du champ et se prépara ensuite à aller chez elle. Boaz insista à nouveau : « Il ne faut pas que tu partes déjà. Pourquoi ne resterais-tu pas pour profiter du Leketh » ? « Leketh, qu’est-ce que cela ? », demanda-t-elle. « Suivant notre Torah, lorsqu’un moissonneur a manqué de couper le blé avec sa faux, il lui est interdit de recommencer et il est obligé de laisser le blé qu’il n’a pas fauché ou qu’il a fait tomber, pour que les pauvres et les étrangers puissent venir et le ramasser. » Après avoir rempli tout un panier, elle se dirigea vers Boaz pour le remercier de sa gentillesse avant de partir. Mais Boaz lui dit qu’il restait encore la « Chi’ha » à prendre. « Les largesses de la Torah pour les moins fortunés sont illimitées ! s’écria Ruth. Mais veuillez avoir l’amabilité de m’expliquer le sens du mot « Chik’ha. ». « Lorsque le propriétaire d’un champ fait transporter le blé pour qu’il soit entreposé dans les greniers, il se peut que les ouvriers oublient (Chi’ha = oubli) quelques gerbes qui restent dans le champ. La Torah interdit aux ouvriers ou aux propriétaires de retourner pour les ramasser. Ces gerbes doivent rester pour les pauvres, les veuves, les orphelins et les étrangers. » Ruth fut heureuse de la bonne chance qu’elle avait eue. Elle avait ramassé presque plus qu’elle ne pouvait porter. Naomi et elle avaient donc suffisamment de provisions pour vivre quelque temps. Elle remercia Boaz encore une fois et lui promit de revenir. Ruth, toute émue, se hâta de rejoindre sa belle-mère. Une fois rentrée à la maison, elle lui raconta tout ce qui lui était arrivé dans les champs de Boaz. Naomi était heureuse du succès de Ruth et se réjouissait que sa belle-fille eût plu à Boaz. Elle dit à Ruth que Boaz était un parent d’Elimélekh. Entre temps Boaz avait pris des renseignements sur cette étrangère, et il découvrit qu’elle était veuve et que son mari, qui était mort, était le fils de Naomi.
La récompense éternelle. Lorsque Boaz demanda à Ruth de l’épouser, Naomi lui conseilla fortement ce mariage. Ruth et Boaz se marièrent. C’est ainsi que Ruth fut récompensée d’une manière inattendue et devint heureuse. Ruth et Boaz eurent un fils, nommé Obed, qui fut le père de Yichaï (Jessé). Le fils cadet de Yichaï était David – qui devint le roi bien-aimé du peuple juif et qui fut consacré par l’Éternel.
Bonne fête à tous ! Hag Saméah et Kabalath haTorah béSimha ou béFnimioute
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Compilé par Myriam Bentolila – Habad d’Afrique Centrale,
A la mémoire de son papa z”l, haRav Yéchoua (Hadad), ben Mahlouf vé-Izza, Nichmato BeGan Eden