J’écris ces lignes avec une certaine émotion au lendemain du salon de la Alya tenu à paris le 17 décembre 2023, salon historique aux dires des organisateurs et de plus des 2000 participants venus au premier salon tenu depuis les événements du 7 octobre en Israël.
La terre d’Israël a tremblé sous nos pieds ce fameux Chabbat 7octobre, fête de Simhat-Torah. Pas seulement pour les victimes directes de l’attaque barbare. Pas seulement pour leurs proches, leurs familles ou leurs amis. Il n’y a pas un seul Israélien qui a été épargné par les sentiments de souffrance, de blessure. Comme s’il s’agissait des membres d’un même corps et du même organisme.
Qu’il soit de droite, de gauche pro-Bibi, anti-Bibi, humanistes ou nationalistes laïques ou religieux.
La guerre des Six Jours, remportée en 1967 par Israël sur les États arabes, a changé en profondeur la relation entre la France et les Juifs, en modifiant sensiblement, du reste, la condition juive en’France. La politique du général de Gaulle à l’endroit de l’État hébreu est le premier fait à prendre en considération.
Cette année, c’est le jubilé de la guerre de Kippour qui a été célébré en Israël et dans les communautés juives diasporiques.
Mais je vous propose de partager avec vous le tournant que la victoire spectaculaire phénoménale et métahistorique occasionna dans les consciences juives de France.
A cette époque, le héros du livre Soumission de Michel Houellebecq a cette phrase quand il apprend que sa petite amie, juive française, va le quitter pour aller vivre en Israël en raison de la situation politique tourmentée en France : « Il n’y a pas d’Israël pour moi. »
Pour les Juifs de France, il y a Israël, cet État refuge en cas de danger. La question d’Israël s’est trouvée — le présent de l’indicatif fonctionne aussi — au cœur des enjeux identitaires de la judaïcité française.
À partir de ce constat, la pensée d’un grand nombre d’intellectuels juifs d’expression française pourrait être résumée par cette phrase du philosophe Vladimir Jankélévitch : « Israël est le remords, le remords des Juifs de ne pas y être, de ne pas les aider, de ne pas partir dès demain matin pour se joindre à eux, et de continuer à parler sans prendre part à l’œuvre immense de création qui s’accomplit là-bas. »
Dans ce contexte général, la guerre des Six jours s’est révélée être un référent historique majeur pour l’ensemble du peuple juif et en particulier pour les juifs de France et de Navarre.
Je me permets de poursuivre l’analyse en faisant un saut sur la guerre de Kippour qui me semble mériter un chapitre a part entière notamment au vu de ses caractéristiques singulières tant au niveau militaire que géopolitique.
Nous voilà tous horrifiés par la cruelle attaque barbare assoiffée de sang juif le 7 octobre 2023, 50 ans après cette fameuse guerre de Kippour.
L’état de choc a créé une remise en question individuelle et collective comme un électrochoc au sein de la société israélienne toutes sensibilités confondues et immédiatement la douleur canalisée dans l’action et la réaction fut unanime : plus de 350000 réservistes se mobilisent de leur propre initiative.
Quant à la population civile, qui ne pouvant pas faire partie de l’offensive militaire, elle choisit la mobilisation au soutien spontané et plein d’amour.
A vrai dire, nos frères et sœurs juifs de France, eux aussi inondés par le sentiment de solidarité s’organisent. L’inquiétude devient source d’action, de réflexions, de considérations d’organisation et…de courageuses décisions.
C’est bien l’écho de l’appel de Yossef hatsadik qui retentit haut et fort: « Je suis à la recherche de mes frères … ! » Genèse Chap 37 verset 16
Rav Avraham Dray
Directeur du Mizrahi France