Le premier article que je commis dans le Figaro, dans le mitan des années 80, constituait une adresse aux membres de ma communauté originelle.
Je leur demandais, touchant à l’immigration, de ne pas être « d’un angélisme de plume à l’égard de la France et d’un réalisme d’acier à l’égard d’Israël ». S’agissant du drame des réfugiés Syriens, je suis obligé, à nouveau, de reprendre mon antienne.
Les frontières de la France méritent autant de respect que les lignes de défense d’Israël. La France, son identité, sa sécurité, sa culture judéo-chrétienne méritent autant d’attention.
À l’époque de mon article, certains membres de la communauté organisée, à commencer par le président immigrationniste du CRIF, m’avaient reproché courtoisement ma prise de position.
Aujourd’hui, les juifs de France ont payé dans leur chair le prix du conformisme communautaire. Aujourd’hui alors que beaucoup d’entre eux rejoignent l’État qui porte leur nom, ce que j’écrivais hier scandaleusement est devenu banalité affligeante.
Les juifs de France, dans leur immense majorité, auront considéré comme proposition irresponsable, celle de l’actuel chef de l’opposition israélienne d’accueillir des réfugiés syriens en Israël, au regard des problèmes de sécurité existentielle de l’État hébreu.
À nouveau, je conseille aux responsables actuels de la communauté organisée de ne pas considérer de manière extatique l’arrivée d’une nouvelle population islamique à l’intérieur d’un pays, qui en janvier encore comptait ses victimes juives.
Le Talmud, un grand auteur le rappelait encore dans ces colonnes, prévoit des conditions strictes à l’accueil bienveillant que l’on doit réserver à l’étranger.
Mon ami Shmuel Trigano s’interrogeait récemment sur Radio J sur le philosémitisme de ces populations travaillées depuis plusieurs décennies par les Assad et l’islamisme.
Je ne demande pas à la communauté organisée une attitude hostile, mais il n’est pas nécessaire de redevenir extatique. L’erreur est humaine, surtout s’agissant d’une communauté traumatisée par la xénophobie comme la communauté juive, mais persévérer dans la xénophilie serait dramatique.
Un dernier mot. L’installation controversée de l’artiste contemporain Anish Kapoor dans les jardins du château de Versailles a été, on le sait, maculée d’inscriptions antisémites.
Animé par un trouble plaisir de porter les stigmates, l’artiste a fait défense qu’on efface l’offense. La ministre de la Culture n’y a pas vu malice. Ordinairement, les grandes organisations antiracistes progressistes et quelques associations juives se seraient ruées devant le juge en poussant des hauts cris. Il a fallu qu’Avocats Sans Frontières – que j’ai l’honneur de présider – s’y colle pour que la conservatrice du château, sur ordre de la justice, se résigne à passer la serpillière au grand dam du grand maître.
Une fois de plus, la preuve est tristement rapportée que l’indignation est à géométrie très variable dans ces milieux conformistes qui se croient progressistes.
© Gilles-William Goldnadel pour dreuz.info
Président de France-Israël et d’Avocats Sans frontières