La mémoire humaine est ainsi faite. Les événements lointains laissent la place aux évènements plus récents et sont finalement relégués dans l’oubli. Il y aurait tant de choses à raconter sur chaque homme ou femme qui a donné sa vie pour que vive l’Etat d’Israël, sur chaque homme, femme, enfant ou vieillard qui se sont trouvés sur la route de terroristes assoiffés de sang juif.
Parmi les catégories de héros aux visages en noir et blanc dont on ne parle pas toujours, il y a ces pauvres hères venus d’Europe, qui avaient survécu à la Shoah et se retrouvèrent un fusil à la main pour défendre l’Etat d’Israël en gestation.
On ne le sait pas toujours, mais près des deux-tiers des combattants de 1948 étaient des rescapés de la Shoah, souvent les derniers représentants de familles décimées. On les appela « Ha-Netzer Ha-a’haron », le « dernier rejeton » (‘rejeton’ étant à prendre au sens propre du terme).
Ce fut le cas par exemple d’Israël Singer hy »d, qui monta en Israël après la 2e Guerre mondiale depuis la Yougoslavie où presque toute sa famille avait été décimée. Dans une lettre qu’il avait écrite en 1948 à sa tante de 70 ans, dernière survivante de la famille, il évoquait déjà l’éventualité de sa mort: « …la situation est très grave. Je sais que beaucoup parmi nous vont tomber. Mais sans payer le prix du sang il sera impossible d’obtenir notre patrie. J’espère que nous nous reverrons bientôt… »
Il était âgé de 18 ans. Rescapé de la Shoah, il eut la chance de chanter et danser le 29 novembre 1947 après le vote de l’ONU sur le partage de la Palestine. Mais son rêve de passer de la Shoah à la Renaissance se brisa en juillet 1948, dans le nord du Néguev, face à l’armée égyptienne. Quelques mois plus tard, sa tante émigra en Israël où elle apprit le sort de son neveu.
La chercheuse Prof. Hanna Jablonka, de l’Université Ben-Gourion, souligne que l’on a tendance à oublier la part prise par ces rescapés de l’Horreur, affaiblis et fatigués, dans les combats qui accompagnèrent la renaissance de l’Etat d’Israël et qui rehausse l’image souvent donnée de Juifs qui s’étaient laissés faire. Prof. Jablonka rappelle que durant la Guerre d’Indépendance, plus de la moitié des hommes en armes tués étaient des rescapés de la Shoah, dont un dixième étaient les seuls survivants de familles entières.
Leur bravoure, leur rôle décisif ainsi que leur sentiment de fierté et revanche par rapport à leur situation antérieure n’ont pas eu la place qu’ils méritaient dans l’historiographie israélienne, mais selon le Dr. Boaz Cohen, directeur du programme d’Etudes sur la Shoah à l’Institut académique de Galilée occidentale, les choses ont commencé à changer il y a une dizaines d’années et des initiatives ont été lancées pour raconter leur histoire et souligner leur contribution.
En 2004 un mémorial a été érigé près de Yad Vashem en souvenir de ces héros et il a été placé entre Yad Vashem et le mont Herzl, pour symboliser le passage de la Shoah à la Renaissance. En 2008, le ministère de la Défense et Yad Vashem ont collaboré à la publication d’un livre qui raconte l’histoire tragique et héroïque de cent-cinquante parmi ces hommes et femmes.
Et en 2009, le mouvement de Israël Sheli a lancé l’initiative « Af kever lo yisha’er levad » (Aucune tombe ne restera abandonnée). Depuis, à l’approche de chaque Yom Hazikaron, des membres de cette organisation mais aussi d’autres citoyens se rendent dans les cimetières pour se recueillir sur les tombes de ces derniers survivants de la Shoah qui eurent le courage mais aussi le mérite de mourir les armes à la main face aux disciples d’Hitler. Cette initiative est devenue de plus en plus populaire et Sarah-Cohen Haetzny, présidente d’Israël Sheli souligne que cette tradition à entraîné des députés, des personnalités et même des enseignants avec leurs classes vers cette importante mitzva.
Photo Tsahal
En cette periode ou les Sepharades se plaignent de l’acceuil que les Ashkenazes leur firent ,lorsqu’ils se deciderent a monter,il serait bon de leur rappeler l’article de Shraga Blum
sur « ces heros qu’il ne faut pas oublier ».
Ces Ashkenazes(pour la
plupart)qui venaient de vivre
l’horreur,n’hesiterent pas a
donner leur vie, pour qu’un etat
juif souverain puisse voir le jour et
acceuillir les olims sepharades.
Je crois que ces Ashkenazes
auraient aime arriver dans l’etat
d’Israel renaissant,la guerre
d’independance finie,quitte a
vivre quelques temps sous la
tente ou dans des habitations
precaires.
Et je crois qu’ils auraient remercie ceux qui leur auraient permis de le faire en faisant le sacrifice de leur vie apres avoir vecu l’horreur.
Face à la beauté de cet article qui ne met d’ailleurs pas suffisamment en lumière le « silence intérieur » imposé trop longtemps en Israël aux rescapés de la shoah… Le commentaire de Roberto est indigne…. Et méconnaît tout autant la réalité pleine de la construction de l’Israël moderne que les négationniste historique de tous poils