“La civilisation des Césars a établi des bains pour le confort de sa soldatesque, elle a érigé des ponts pour percevoir les droits de péage et tracé de belles avenues pour étaler le commerce de la honte. L’impérialisme du lucre et de l’indécence a défiguré le visage de la pudeur.”
C’est pour avoir dénoncé les véritables intentions du progrès de Rome que Bar Yohaï fut condamné à mort et fuit les mondanités allégoriques du monde de l’illusion platonique en compagnie de son fils Eléazar. Ils trouvèrent leur asile dans une grotte qui conduit au nombril de la terre. Les deux rabbis des cavernes placés au top niveau deviennent les spéléologues de la Thora oubliée. La voix étouffée de la Thora ensevelie sous les roches du Horev, résonne en écho dans cette bouche crevassée de la terre. La lumière cachée en quête de refuge pleure sue l’indifférence qui la fit sombrer dans les entrailles volcaniques de l’esprit bouillonnant. Désormais, la poussière qu’ils embrassent a mille fois plus de saveur que la manne qui tombait du ciel et le miracle des eaux térriques coule de source aux pieds du caroube de la survie qui élève les branches de la résurrection. Ils contemplent la rose aux treize pétales, blottie dans un coin de la grotte derrières les épines. Elle a le visage pale de l’aurore et la peau rouge du crépuscule. C’est pour elle qu’ils combattent, Elle, la fleur du Zohar d’Israël.
Enfouis jusqu’au cou dans le sable du “Hol” leurs corps meurtris deviennent le combustible d’une âme sacrée. Le corps lumineux d’Eliyahou éclaire les sombres lettres de la divine parole oubliée. Quand le prophète parle, l’esprit descend et quand le rabbi parle, la matière monte.
Le défilé des lettres créatrices illumine la première page du Zohar. Les plus appropriées ne se présentent jamais les premières sur le devant de la scène. Le “Tav” gravé sur le front du tsadik devient le sceau de la vérité et non plus le signe de la mort.
Le “Chin” de chéker, le mensonge, se réhabilite en couronnant la tête de chadaï.
Le “Pé” de pouranout, la calamité, ouvre désormais sa bouche au salut.
Le “Ayin” dérobe son regard du “avon” pour contempler la anava.
Le “Saméh” arrive à temps pour soutenir le Noun qui tombe.
“Mém” partage la royauté avec Lamed et Khaf. Dédaignant cette mesquine royauté khaf de kissé menace de quitter le trône de gloire faisant trembler par la même les deux cents mille mondes supérieurs. Le chaos s’installe et fait fuir le reste des lettres de l’alphabet. La création est impossible et tout paraît si bête. N’est pas bête qui l’on pense et D. prend le “Beth” aux pieds de la lettre, lui confie la genèse de la création et le charge de résorber conflits et duplicité dans le double jeu de la vie. C’est le sens de la mahloket entre Bet Chamaï et Beth Hillel. Il faut un commencement à Béréchit dévoilé par l’anagramme de Rachbi depuis Aleph jusqu’à Tav. Aleph prendra la tête du verbe pour révéler l’unicité de Anohi.
Il a fallu douze ans et douze mois pour reconstruire les balbutiements de l’alphabet d’un monde fugitif en Cabbale. Douze ans pour respirer le parfum céleste de la rose et douze mois pour planter les myrtes terrestres.
Rabbi Chimon et Rabbi Eléazar ont fait de la Thora la capitale éternelle de la lumière.
Sur les collines de Judée et Samarie, nos enfants déclarent leurs flammes dans une fête qui fera long feu comme autant d’étoiles semées par les maîtres de la clairvoyance.
Au cinquième jour de la cinquième semaine de l’Omer, Méron devient une île où là des vagues de fidèles tsounamisent un océan de ferveur.
Jamais tombe n’a été aussi vivante.
Peut-on dire que cette liesse pop eut l’air démocratique!
Dans l’échelle du temps, le conte de l’homme erre à la recherche du Juste Amour de la Vérité dans l’Eternité Eclatant du Fondement Royal.
Rav Yaakov Guedj