La décision du conseil de sécurité de l’ONU concernant les implantations, est perçue dans le monde musulman comme une grande victoire et comme un évènement historique. De fait, cette décision, selon laquelle « ne sera reconnu aucun changement aux lignes du 4 juin 1967, y compris pour Jérusalem, à l’exception de ceux sur lesquels les parties tomberont d’accord dans le cadre de négociations », prive d’intérêt toute négociation, puisque la communauté internationale a déclaré a priori illégitime toute présence israélienne au-delà des frontières d’avant la guerre des Six jours. À savoir, Israël serait dans le devoir de se retirer du quartier juif de Jérusalem, de tous les nouveaux quartiers de sa capitale, de toute la Judée-Samarie et de tout le Golan.
Le dénominateur commun aux réactions palestiniennes à cette décision – tant celles du Fatah que celles du Hamas et du Djihad islamique – a été que cette décision devait servir de levier contre Israël. Le porte-parole de l’Autorité palestinienne a appelé à des actions qui isoleraient Israël, et a enjoint la communauté internationale de prendre les mesures qui s’imposent pour appliquer la décision prise par le conseil de sécurité de l’ONU. Le ministre des Affaires étrangères palestinien a appelé à l’arrêt de la « judaïsation » de la Judée-Samarie. Différentes personnalités ont évoqué la nécessité de poursuivre en justice, pour crimes de guerre, des dirigeants politiques et militaires israéliens.
Depuis la création de l’État en 1948, le monde musulman dans son ensemble a essayé de détruire l’entité sioniste. Durant des décennies, il s’est concentré sur des guerres classiques. Mais depuis la guerre d’indépendance jusqu’à la guerre du Liban, les armées ennemies ont subi coup après coup des défaites cuisantes, même si Israël a dû payer un prix très élevé pour remporter ses victoires.
Au milieu des années 80, une nouvelle tactique a été essayée : l’Intifada. Ici aussi, Israël a dû payer très cher, mais a su contenir la menace : depuis des années, les appels au soulèvement populaire tant dans les territoires qu’auprès des Arabes israéliens restent sans réponse.
La troisième vague, qui se poursuit de nos jours, a apporté une nouvelle méthode de combat : les loups solitaires – avec des couteaux ou au volant de voitures et camions béliers – tentant de semer la panique dans la population israélienne. Une gamme d’actions efficaces des forces de sécurité associée à des réactions rapides et courageuses de civils sur les lieux des attentats, ont endigué de manière sensible le phénomène.
Mais la stratégie utilisée maintenant n’est pas moins dangereuse : une guerre diplomatique, juridique et médiatique contre Israël – un ensemble d’actions visant à présenter Israël comme immoral, comme un pays d’apartheid, « illégal », qu’il faut condamner. Ne nous leurrons pas : le but de cette guerre « sans armes » n’est pas moins que l’effondrement du pays des Juifs. La pression internationale qui exige le retour d’Israël aux frontières du 4 juin 1967 ne constitue que la première étape de la concrétisation de ce but. Abou Mazen a maintes fois déclaré qu’il ne reconnaitrait jamais Israël comme le pays du peuple juif, et qu’il ne renoncerait jamais au droit du retour de dix millions de personnes qu’il considère comme étant toutes Palestiniennes, lui-même exigeant de retourner habiter à Safed, sa ville de naissance.
L’âpre débat entre la gauche et la droite israéliennes au sujet des territoires n’intéresse en rien le monde musulman, pour lesquels tous les territoires, y compris les « implantations » de Haïfa et Tel-Aviv, appartiennent à la Oumma islamique, puisqu’ils ont été conquis par l’Islam au 7ème siècle, appartiennent au monde musulman. Le problème n’est donc pas « les territoires », mais l’existence même de l’État d’Israël.
Israël se doit de trouver des stratégies efficaces pour ce type de guerre, qui menace son existence au moins autant que les guerres classiques, l’Intifada et les loups solitaires.
Ephraïm Herrera est docteur en histoire des religions, diplômé de la Sorbonne et vient de publier « Les maîtres soufis et les peuples du livre » aux Éditions de Paris, ainsi que « Le djihad, de la théorie aux actes » et les deux tomes des « Étincelles de Manitou » aux éditions Elkana.