Le ministre israélien des Affaires étrangères était l’invité de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne et a confirmé que le nouveau gouvernement israélien a décidé de redonner vie à la « question palestinienne ». Pour avoir une idée du soulagement poussé à Bruxelles après le départ de Binyamin Netanyahou qui tenait tête à l’UE sur ce dossier, le Haut Représentant pour les Affaires étrangères Josep Borrell, lors de son entretien avec Yaïr Lapid avant la réunion, n’a pas caché « que les relations entre l’Union européenne et Israël s’étaient détériorées ces dernières années » et a estimé que la présence du nouveau ministre des Affaires étrangères est « l’occasion d’un nouveau départ dans les relations avec le gouvernement israélien ».
Dans un communiqué publié après la rencontre par le service européen de l’action extérieure il est notamment écrit : « Le Haut représentant et le ministre des Affaires étrangères ont eu des échanges approfondis et francs, à l’écoute de leurs attentes mutuelles, sur les relations bilatérales UE-Israël, les questions régionales et la manière de faire avancer le dialogue avec les Palestiniens (…) Ils ont souligné l’importance de renforcer les relations UE-Israël et ont exploré les moyens de relever ensemble les défis existants afin d’atteindre cet objectif commun ».
Plus tard, s’exprimant devant les ministres de l’UE, Yaïr Lapid a prononcé un discours qui a dû sonner agréablement à leur oreilles, en parlant des valeurs communes entre Israël et l’Europe, avec la démocratie libérale, les droits de l’homme, les droits des homosexuels, l’écologie, la lutte contre le racisme et les extrémisme, un système judiciaire indépendant (sic). Mais surtout, Yaïr Lapid a confirmé le virage à 180° entrepris par le nouveau gouvernement sur la question « palestinienne », visant à effacer plus de vingt ans de stratégie menée pied à pied par de Binyamin Netanyahou : « Nous voulons que ce cercle (de normalisation avec des pays arabes) inclue finalement les Palestiniens. Ce n’est pas un secret que je suis en faveur de la solution de deux Etats mais il n’y a hélas aujourd’hui pas de plan précis. Il y a quelque chose dont nous devons nous rappeler. Le jour où il y aura un Etat palestinien il faudra qu’il soit démocratique et pacifique. On ne peut pas nous demander de nous créer nous-mêmes une nouvelle menace existentielle. Ce qu’il faut maintenant c’est ne pas procéder à des actions qui empêcheraient une paix future et il faut améliorer la vie des Palestiniens. Je soutiendrai tout ce qui est humanitaire et ce qui renforcera l’économie palestinienne ».
Selon un axiome toujours vérifié, lorsque des dirigeants de l’Union européenne se mettent à aimer un gouvernement israélien, il faut se méfier…
Photo Yonatan Sindel / Flash 90