Pour la première fois dans l’histoire parlementaire d’Israël, un président de la Knesset annonce sa démission. Yuli Edelstein a présenté sa démission après exactement sept ans de présence à ce poste.
Une décision était attendue de Yuli Edelstein depuis que la Cour suprême lui avait intimé lundi l’ordre de convoquer une séance plénière et de mettre au vote son propre remplacement par Meïr Cohen (Yesh Atid/Bleu-Blanc). Voulant éviter un vote dont le résultat était connu d’avance, Edelstein a finalement préféré prendre les devants et démissionner. Les positions au sein du Likoud et des partis de droite étaient partagées. Si certains lui conseillaient de ne pas céder devant la Cour suprême qui s’est définitivement arrogée des prérogatives indues, d’autres estimaient qu’en dépit de cette situation inacceptable, une fois la chose jugée, il fallait respecter la parole des magistrats.
En annonçant sa démission, Yuli Edelstein a voulu remettre les choses à leur place et réfuter les attaques dont il a été l’objet par les magistrats sur une soi-disant « atteinte à la démocratie »: « Lundi, la Cour suprême a décidé que je devais impérativement mettre au vote encore cette semaine la nomination d’un remplaçant à mon poste. Cette décision de la Cour n’a aucune justification légale mais est basée sur une interprétation partiale et extrémiste qui est contraire au règlement de la Knesset. Elle sabote le travail de la Knesset. Il s’agit d’une ingérence grossière et arrogante de la Cour suprême dans les prérogatives du pouvoir législatif et d’une grave atteinte à la souveraineté de la Knesset. En fait, c’est la décision des juges qui constitue une atteinte aux bases de la démocratie israélienne. En tant que démocrate, juif et sioniste, qui a lutté contre un régime obscur (URSS), je décrète que la décision de la Cous suprême était erronée et grave, et qu’elle va créer des conséquences dangereuses. Ayant moi-même payé un prix élevé en prison pour avoir le droit de monter et vivre en Israël je n’ai pas besoin de prouver à quel point j’aime ce peuple. En tant que démocrate juif et sioniste et président de la Knesset je ne permettrai pas que mon pays sombrer dans l’anarchie. Je ne laisserai pas non plus se produire une guerre fratricide, dans l’esprit de Menahem Begin qui en 1948, lors de la tragédie de l’Altalena, préféra céder plutôt que de provoquer un conflit fratricide« .
Yuli Edelstein a également dénoncé les manoeuvres de Bleu-Blanc rappelant que depuis 1948, les présidents de Knesset sans exception n’avaient été élus que lorsqu’un nouveau gouvernement était formé.
A Bleu-Blanc on crie victoire et la liste entend faire voter le plus rapidement possible la nomination de Meïr Cohen. Avec un président et une majorité de leur côté, les dirigeants du « cockpit » entendent désormais être maîtres de l’ordre du jour et faire voter les lois qu’ils souhaitent dont celle qui interdirait à Binyamin Netanayhou de former un gouvernement dans n’importe quel cas de figure.
Photo Yonatan Sindel / Flash 90