Isaac Attia, Docteur en lettres et historien, fait son alya en 1996 à Kfar Adoumim. Monté par « idéologie » Isaac Attia a, déjà enfant, une autre passion, la musique et surtout Georges Brassens. Ainsi les 2, 3 et 4 novembre prochains, le spectacle « Attia chante Brassens » transportera le grand artiste français en Israël.
Le P’tit Hebdo : Comment est née votre passion pour Georges Brassens ?
Isaac Attia : À vrai dire, je n’ai pas grandi dans Brassens. Je l’ai réellement découvert il y a 7 ou 8 ans lorsque je me suis lancé le défi de jouer et de chanter quelques-unes de ses chansons. C’est d’abord le poète qui m’a séduit. Je définis Brassens, en premier lieu, comme un homme à textes. Ce qui est extraordinaire, c’est que la mise en musique augmente encore la valeur de ses textes. Tout est inattendu chez Brassens : les paroles, les accords.
LPH : Près de 20 ans après votre alya, vous vous rapprochez du grand musicien français, vous le portez sur scène ici. Est-ce de la nostalgie par rapport à la culture française ?
I.A. : Je ne le ressens pas comme de la nostalgie. Je prends conscience que je suis beaucoup plus profondément attaché à la culture française que je ne le croyais. Elle a toujours vécu en moi et Brassens me fait vibrer, même si j’aime l’hébreu ! Vivre en Israël depuis tant d’années m’a coupé de l’évolution de la culture française, et finalement ce qui est remonté, c’est l’essence de cette culture.
LPH : Brassens séduit-il encore la jeune génération, plus de trente ans après sa disparition ?
I.A. : Brassens est le père de tous les grands chanteurs français du 20e siècle, de Ferret, Ferra, Vian à Maxime Le Forestier en passant par Barbara. Il a beaucoup travaillé, il connaissait parfaitement cinq siècles de littérature française. Quand j’ai commencé à approfondir Brassens, j’ai eu l’impression de trouver un trésor que l’on n’avait pas encore exploré. Depuis trente ans, les jeunes n’ont cessé de reprendre Brassens. Vous avez même des groupes de Hard Rock qui chantent du Brassens !
LPH : Vous avez déclaré que vous aimez Brassens aussi parce qu’il vous parle. Qu’entendez-vous par cela ?
I.A. : J’estime qu’en tant que Juifs nous avons beaucoup à apprendre de Brassens. Il était un homme libre, il suit les « ch’mins qui ne mènent pas à Rome », il sort des sentiers battus. Un peu comme le peuple juif qui se distingue des autres. Il n’était jamais influencé, il recherchait toujours l’authenticité. Nous aussi, Juifs, nous voulons être libres. Ce qui nous différencie de Brassens, c’est que notre envie de liberté se conjugue au sein du collectif. Lui, non, il n’était pas marié, n’avait pas fondé de famille. Mais, il nous a appris qu’il faut s’écouter et ne pas avoir honte de le faire.
LPH : Vos prochains concerts seront destinés à un public francophone. Pensez-vous à faire connaître Brassens aux Israéliens non francophones ?
I.A. : J’ai déjà joué Brassens à Kfar Adoumim, des non francophones étaient présents, ils m’ont dit qu’ils aimeraient bien avoir du Brassens traduit. Quelques traductions existent mais il est difficile d’en faire de bonnes. Je pense peut-être à chanter en duo avec des Israéliens. Et surtout, je voudrais créer un rendez-vous Brassens en Israël, chaque année. D’ici là je chanterai et je raconterai Brassens, dans un esprit de partage avec le public, dans quelques jours…
Concerts :
Lundi 2 Novembre, YAD LEBANIM RAANANA. Réservation : 09-761.05.49
Mardi 3 et Mercredi 4 Novembre, THÉÂTRE KHAN JÉRUSALEM. Réservation : 02-630.36.00
Guitel Ben-Ishay