Betsalel Smotrich n’a pas 40 ans et il a été la révélation de la Knesset sortante. A l’origine de nombreux textes de loi, il ne fait aucun compromis sur ses principes, ce qui lui vaut d’être régulièrement au cœur des débats. Il est aujourd’hui à la tête du parti Ihoud Leumi, numéro 2 sur la liste de l’union des partis de droite (Habayit Hayehoudi, Ihoud Leumi, Otsma Yehoudit).
Le P’tit Hebdo: Il y a deux mois, Naftali Bennett et Ayelet Shaked quittaient Habayit Hayehoudi. Leur en avez-vous voulu?
Betsalel Smotrich: Non, je n’ai aucun sentiment de rancœur ou de colère envers eux. La colère est d’ailleurs très mauvaise conseillère. Je suis ami avec Naftali et Ayelet, ce sont des gens bien. Je pense qu’ils ont eu tort de faire cette démarche. Il ne faut pas occulter le fait que jusqu’à aujourd’hui, toutes leurs réalisations ont été permises alors qu’ils étaient au sein d’un parti religieux. Finalement, ce qui compte ce ne sont pas les hommes ou les femmes mais la voie qu’ils choisissent. Prenez l’exemple de Sharon, il a retourné sa veste ou encore Netanyahou qui a dit qu’il était pour deux Etats avant de revenir dessus. J’estime que des personnes qui changent de voie sont plus difficiles à croire. Pour notre part, nous restons fidèles à notre chemin, à nos valeurs.
Lph: Ils pensent ainsi augmenter le nombre de mandats au sein du bloc de droite.
B.S.: Nous ne le saurons qu’au lendemain des élections. S’ils amènent un nouveau public vers la droite, ils auront gagné leur pari. En revanche, et comme c’est le cas aujourd’hui, s’ils prennent des électeurs au Likoud et à Habayit Hayehoudi, le résultat sera nul. L’union des partis de droite sera la seule à être vraiment redevable envers ses électeurs que nous voyons comme un public à servir et non comme un moyen de réaliser nos ambitions personnelles.
Lph: Cette union est souvent décrite comme trop religieuse voire extrémiste, notamment après l’accord avec Otsma Yehoudit.
B.S.: Nous ne sommes ni un parti sectoriel, ni un parti trop religieux, ni un parti extrémiste. Notre maison est ouverte à tous, nous l’avons prouvé et continuons à le faire. Quand pendant 6 ans, elle était dirigée par ce que l’on nomme un religieux ”light” – bien que je n’aime pas ces étiquettes – les plus religieux d’entre nous, n’ont pas quitté le navire. Cela doit être vrai dans l’autre sens aussi. Le sionisme religieux possède cette particularité d’être riche et nuancé.
On nous traite d’extrémiste pour faire peur, ce sont souvent ceux qui se sentent menacés par nos résultats qui le font. Nous n’avons aucun problème avec les libertés de chacun, en revanche nous ne faisons aucun compromis sur ce que doit être notre collectivité, notre Etat.
Cette ligne est aussi partagée par Otsma Yehoudit. Rien dans leur programme ne justifie de les traiter de racistes. Nous avons fait ce qu’il fallait pour éviter une perte importante de voix du bloc de droite. Lorsque Gantz et Lapid ont annoncé leur union, notre démarche a pris encore plus de sens. Il faut bien comprendre que si, avec l’aide de D’ieu, un gouvernement de droite est constitué après les élections, ce sera grâce à nous. Même Binyamin Netanyahou le reconnait.
Lph: Justement n’est-ce pas la pression du premier ministre qui vous a décidé à signer l’alliance?
B.S.: La pression qu’il a exercée nous a permis de lui imposer de prendre aussi sa part. En d’autres termes nous avons obtenu des contreparties comme l’intégration du Rav Elie Ben Dahan sur la liste du Likoud et la promesse de portefeuilles ministériels.
Lph: Quels ministères vous a-t-il promis?
B.S.: Nous souhaitons en priorité les ministères de l’éducation et de la sécurité intérieure. Puis ceux de la justice et du culte. Il est important de souligner que la concrétisation de ces promesses ne dépend pas de Netanyahou mais du nombre de mandats que nous obtiendrons. Si nous avons entre 8 et 12 mandats alors nous pourrons exiger ce qui nous revient.
Lph: Le ministère de l’alya et de l’intégration ne vous intéresse-t-il pas?
B.S.: C’est, en effet, un sujet qui me tient à cœur. Le ministère de l’alya et de l’intégration est devenu, ces dernières années, une annexe d’Israël Beitenou, cela doit changer.
Je suis très impliqué dans ces questions. Nous avons rédigé avec Naftali Bennett, le programme pour l’alya de France qu’il reprend aujourd’hui à son compte. Je pense que c’est un sujet trop important pour en faire un thème de campagne pendant les 2 mois avant les élections et l’oublier après. Bennett a été ministre de la Diaspora pendant 4 ans, il aurait pu déjà agir. J’ai étudié les difficultés des olim de France en particulier, mais de tous les pays européens en général. Nous devons adapter le panier d’intégration que nous leur proposons. Le sionisme se base sur deux piliers: l’alya et l’installation sur toutes les terres du pays. Aujourd’hui, nous passons à côté de l’essentiel. Nous devons changer nos priorités: ce projet n’est pas que celui du ministère de l’alya et de l’intégration, c’est un projet gouvernemental.
Lph: Cette campagne met sur le devant de la scène des thèmes inédits aussi comme la légalisation du cannabis proposée par Moshé Feiglin. Quelle est votre position sur le sujet?
B.S.: Nous sommes pour l’autorisation du cannabis à usage médical. Mais la légalisation c’est autre chose, cela revient à inonder nos rues de drogues que l’on sait dangereuses pour notre jeunesse. Et les restrictions de la loi n’y changeront rien: l’alcool et la cigarette aussi sont interdits au moins de 18 ans, et l’on voit le résultat. Moshé Feiglin en fait une des conditions de son entrée dans la coalition, preuve qu’il a laissé de côté des points comme la défense d’Eretz Israël. Nous ne laisserons jamais inscrire la légalisation du cannabis dans un accord de coalition.
Lph: Etes-vous optimiste quant aux chances de former une coalition de droite?
B.S.: Le mois qui reste va être déterminant. Les électeurs doivent comprendre que ce qui compte ce n’est pas la taille du Likoud mais celle du bloc de droite. Il est indispensable de renforcer la droite de Netanyahou. Pour cela, tout le monde doit aller voter le 9 avril, sous peine de donner sa voix à la gauche.
Le public francophone, en particulier, sait que l’union des partis de droite est leur maison. Nous sommes les seuls à nous engager sur la religion et la défense d’Eretz Israël avec la même intensité et sans compromis.
Propos recueillis par Avraham Azoulay
Photo à la une: Photo by Yonatan Sindel/FLash90
Que D’ le fasse réussir. C’est vraiment quelqu’un de bien.
Je m’associe à ce projet d’une DROITE Unie et Forte !…
Pour notre Etat Nation Juif d’ISRAEL.