Les attentats meurtriers qui ont frappé la capitale belge étaient prévisibles. Au mois d’août dernier, l’État islamique a mis en ligne une vidéo dans laquelle il déclarait : « Ce n’est pas une menace ou une parole en l’air. C’est une déclaration de guerre et les plans sont déjà prêts. Tout va être concerné en Belgique. Les bibliothèques, les écoles, les hôpitaux, les rues commerçantes, les discothèques… Tous les endroits où on peut trouver des infidèles. Nous ne tenons plus compte de toutes ces discussions au sujet des victimes innocentes. Tous les infidèles seront assassinés. Nous les tuerons comme ils nous tuent. Compris ?… Dans les jours, les semaines, les mois et les années à venir, il n’y aura plus que de la terreur dans vos quartiers, dans vos rues, dans vos maisons et vos chambres à coucher ». L’État islamique considère donc les attentats en Belgique comme des actes de représailles (la Belgique participe aux attaques aériennes en Irak), et les citoyens belges sont considérés comme responsables des actes de leurs gouvernements, du fait qu’ils les ont mis au pouvoir.
La Belgique compte environ un million de Musulmans, soit environ 10% de la population. La plupart des Musulmans de Belgique sont originaires de Turquie et du Maroc. Bien que de nombreux Musulmans y soient parfaitement intégrés, les statistiques montrent que la majorité d’entre eux ont des positions islamistes : 75% pensent qu’il n’y a qu’une seule lecture possible, la rigoriste, au Coran, les 2/3 sont convaincus que les lois de l’Islam prévalent sur celles du pays. De même, 80% des Musulmans turcs vivant en Belgique se sentent plus Turcs que Belges. Les conséquences sont inévitables : la Belgique est proportionnellement en tête quant au pourcentage des Musulmans qui rejoignent les rangs de l’État islamique en Syrie et en Irak. De 2010 à 2012, l’organisation Charia4Belgium appelait ouvertement à l’islamisation de la Belgique.
Aux yeux de nombreux spécialistes, la Belgique est la « plaque tournante » du djihad en Europe. De fait, plus de dix des suspects comme ayant pris part aux attentats de novembre 2015 en France sont des Musulmans de citoyenneté belge, ou de citoyenneté française, vivant en Belgique.
L’arrestation d’Abdeslam, l’un des principaux responsables des attentats de Paris, a probablement accéléré l’exécution des attentats de Bruxelles. Les cris en arabe des terroristes ont prouvé la nature de ces attentats, bien avant que l’État islamique n’en revendique la responsabilité. Tant que l’Europe ne prendra pas les mesures nécessaires pour arrêter l’enseignement de l’islam rigoriste, qui considère les Chrétiens comme des Croisés qu’il faut combattre, et les Juifs des Infidèles qu’il faut éliminer, qui considère une grande partie de l’Europe comme Dar al-Islam, une terre appartenant à l’Islam et qu’il incombe à tout Musulman de libérer, aucune solution profonde du problème n’est envisageable.
Les vagues de migrants qui atteignent les rivages de l’Europe – plus d’un million de migrants pour l’année 2015 – dans lesquelles s’infiltrent des djihadistes – Europol estime qu’en 2015, 2500 à 5000 djihadistes se sont infiltrés en Europe occidentale, ne font qu’aggraver le problème. Dans le cadre de mon récent voyage en France, j’ai acheté des livres pour enfants musulmans, certains illustrés de dessins de Juifs rappelant les caricatures de la propagande nazie. On ne peut donc s’étonner que le premier attentat perpétré par l’État islamique en Europe, en 2014, l’ait été contre le Musée juif de Bruxelles. Les intérêts économiques de l’Europe dans les pays musulmans, sunnites comme les pays du Golfe, ou chiites comme l’Iran, contribuent à la paresse et la lenteur de la réaction européenne, et à la faiblesse des mesures prises par les différents gouvernements. La poursuite de cette politique ne pourra que favoriser d’autres attentats, qui secoueront le Vieux continent.
Ephraïm Herrera est docteur en histoire des religions, diplômé de la Sorbonne et vient de publier « Les maîtres soufis et les peuples du livre » aux Éditions de Paris, ainsi que « Le Jihad, de la théorie aux actes » et « Étincelles de Manitou » aux éditions Elkana.
Dr Ephraïm Herrera
