Le high tech s’essouffle, la productivité piétine et les prix des logements grimpent : le rapport 2015 de la Banque d’Israël vient de paraître.
La nouvelle édition du rapport annuel de la Banque d’Israël ne déçoit pas : les points forts de l’économie israélienne sont présentés en même temps que ses faiblesses, sans concession ni langue de bois ; ce qui permet d’entrevoir en toute clarté les enjeux de l’économie israélienne et les mutations en cours.
LES FORCES : CONSOMMATION ET EMPLOI
L’économie israélienne a connu en 2015 une croissance stable à 2,5% qui devrait se poursuivre cette année. Dans le même temps, le chômage a reculé à son niveau le plus bas depuis trois décennies ; ce bon résultat est attribué à la création de 90.000 emplois dans les entreprises commerciales et les services financiers, ainsi que dans le secteur public.
La croissance de ces deux dernières années est tirée principalement par la consommation des ménages : celle-ci a augmenté de 4,9% en 2015, soit le rythme de croissance le plus fort depuis 2007. À l’origine de la bonne tenue de la consommation privée : des taux d’intérêt presque nuls, une situation proche du plein emploi, et la baisse des prix de l’énergie. La vague de terreur qui a démarré au dernier trimestre 2015 n’a pas entraîné l’économie dans une récession, comme cela avait été le cas lors des Intifadas précédentes.
Autre raison d’optimisme de la Banque centrale : la baisse des prix de l’énergie dans le monde. Le prix du pétrole a chuté de 65% au cours des deux dernières années. Pour l’économie israélienne, la réduction de sa facture énergétique s’est élevée à 5 milliards de dollars en 2015 par rapport à 2013 ; il s’agit de l’équivalent de 1,6 point de PIB. Ce qui a permis de réduire la dette extérieure du pays et d’augmenter d’autant l’excèdent de sa balance des paiements.
LES FAIBLESSES : EXPORTATIONS ET PRODUCTIVITÉ
En revanche, la Banque d’Israël relève plusieurs faiblesses de l’économie israélienne. 2015 restera marquée comme l’année qui fut le témoin de l’essoufflement du secteur du high tech : « il semble que le potentiel de croissance de ce secteur ait été atteint, après que de nombreuses multinationales aient ouvert des centres de R&D en Israël » souligne les économistes de la Banque centrale.
Autre mise en garde de la Banque d’Israël : la productivité est trop faible et l’écart avec les autres pays développés de l’OCDE se creuse. Certes, le rythme de croissance a été de 2,5% en 2015, mais la population israélienne a augmenté au rythme soutenu de 1,8% ; autrement dit, la productivité par tête n’a augmenté que de 0,5%, contre une moyenne de 1,5% dans les pays de l’OCDE.
De même, les exportations qui ont longtemps été la locomotive de l’économie israélienne, ont tiré la croissance vers le bas en 2015 : elles ont baissé de 1,3%, marchandises comme services. Et pour cause : l’économie mondiale s’est ralentie et l’appréciation du shekel face aux autres devises a entamé la compétitivité de l’industrie israélienne.
En conclusion de son rapport, Karnit Flug, la gouverneure de la Banque d’Israël, recommande au gouvernement « d’agir à l’amélioration des services publics aux citoyens, d’investir dans les infrastructures et de soutenir les moteurs de la croissance, notamment en lançant des réformes qui réduiront les obstacles à la croissance et en renforçant la concurrence dans les branches repliées sur elles-mêmes, comme le secteur financier ».
Jacques Bendelac (Jérusalem) Israelvalley.com