À 30 dollars le baril, la chute du prix du pétrole n’en finit pas de surprendre. L’impact sur l’économie israélienne sera loin d’être négligeable.
En fin de semaine dernière, l’or noir est repassé sous la barre symbolique des 30 dollars le baril. Depuis la fin 2015, la baisse des prix dans le monde s’est accélérée sous l’effet conjoint d’une abondance de l’offre et du ralentissement de l’économie chinoise.
Pour Israël, l’impact ne sera pas négligeable. En fait, la chute des prix du pétrole ne fait pas que des heureux : si à court terme, elle satisfait le consommateur israélien qui gagne en pouvoir d’achat, elle soulève également des incertitudes quant à la rentabilité des exportations futures du gaz israélien.
ALLÈGEMENT DE LA FACTURE PÉTROLIÈRE
Conséquence immédiate de la baisse du baril : la facture énergétique d’Israël s’allège. En 2015, la facture pétrolière a déjà reculé de 36% par rapport à 2014, s’établissant à 29 milliards de shekels ou 7 milliards d’euros. Désormais, Israël consacre moins de 3% de son PIB à régler sa facture des importations de produits pétroliers et celle-ci pourrait encore reculer en 2016.
EXCÉDENT DE LA BALANCE DES PAIEMENTS
La baisse de la facture pétrolière améliore aussi le solde des paiements extérieurs qui est un des indicateurs importants de la stabilité financière du pays. En 2015, le solde des paiements (marchandises, services, investissements, etc.) a été positif de 14,3 milliards de dollars pour Israël. C’est une nette amélioration du solde déjà positif enregistré en 2014 (11,2 milliards de dollars). En 2015, l’excédent courant s’est monté à 4,9% du PIB, contre 3,7% en 2014.
POUVOIR D’ACHAT EN HAUSSE
En Israël, la baisse des prix des produits pétroliers mesurée au niveau des prix à la consommation a contribué, à elle seule, à 1 point d’inflation en moins en 2015. C’est autant de pouvoir d’achat que les ménages ont gagné pour leur revenu disponible. Si la baisse de l’énergie est favorable au consommateur, en revanche elle pourrait entraîner l’économie dans une spirale délicate de déflation.
AMÉLIORATION DE LA RENTABILITÉ DES ENTREPRISES
Pour les entreprises israéliennes, la baisse du prix des consommations intermédiaires (comme les produits énergétiques) contribue à réduire leur coût de leur production ; autrement dit, c’est la rentabilité de leurs activités productives qui s’améliore, notamment lorsque le prix à la consommation reste inchangé. La baisse du prix du baril constitue donc une incitation à investir et à produire.
EXPORTATIONS DE GAZ REMISES EN CAUSE
Dans les pays occidentaux, la baisse du pétrole constitue un frein à la transition énergétique et au développement des énergies renouvelables. En Israël aussi, le débat autour de l’exploitation du gaz est relancé par la baisse des prix du pétrole. Si le prix du baril reste bas, c’est aussi la rentabilité de l’exportation d’une partie du gaz israélien qui sera remise en cause. D’autant plus que les compagnies gazières seront moins incitées à investir dans le développement des puits de gaz, alors que les entreprises israéliennes hésiteront à se convertir au gaz.
Jacques Bendelac (Jérusalem) Israelvalley.com