Hier (mercredi), le Président français, Emmanuel Macron, a remis à Arthur et Sophia Aram le prix Jean Pierre-Bloch de la LICRA pour saluer leur action dans la lutte contre l’antisémitisme.
Arthur a prononcé un discours fort et émouvant: « Je ne sais pas comment recevoir ce prix », a-t-il confié. « En France, en 2025, on remet une récompense à quelqu’un juste parce qu’il a dit que l’antisémitisme était inacceptable. Et ça, ça ne me rend pas fier. »
L’animateur et producteur tient à utiliser cette distinction pour tirer la sonnette d’alarme, dire que « quelque chose s’est cassé, que quelque chose ne tourne plus rond » dans la société française.
Il a expliqué: « Comme tous les juifs de France, Monsieur le Président, je vis désormais avec une peur qui ne me quitte plus. Pas une peur abstraite, une peur intime, une peur qui vous réveille la nuit. »
Il a également dénoncé tous ceux qui se taisent face à cet antisémitisme croissant en France aujourd’hui: « Où sont-ils ? Où sont-ils, ceux qu’on admirait, ceux qui se levaient pour toutes les causes, ceux qui avaient toujours le mot juste ? Les artistes, les penseurs, les humanistes, les féministes, les grandes voix? Le silence est pire que de la douleur. C’est un abandon. Et croyez-moi, il blesse plus que toutes les insultes. »
Arthur a rappelé que l’antisémitisme prenait le visage de l’antisionisme: « Pendant que, parfois, la République hésite, la haine, elle, elle avance, elle s’installe, elle prend ses aises […] avec son nouveau cheval de Troie, l’antisionisme. Celui qui dit Israël, mais pense juif. Celui qui prétend critiquer une politique, mais qui déteste en fait une identité. »
Il a ajouté: « Monsieur le Président, cher Emmanuel, chers amis, je ne vous demande pas de ressentir ce que nous ressentons (…) mais de tenir votre place, celle qui engage, qui protège pour que l’histoire ne se répète pas. (…) Tenez la ligne avant que les dernières digues ne cèdent, tenez-la comme on tient la main d’un enfant, une promesse qu’on ne peut pas trahir, parce que ça commence toujours par les juifs et puis ça déborde, ça engloutit, ça emporte tout. »
Arthur a conclu son discours: « Tant qu’il me restera une voix, je ne me tairai pas, je ne m’excuserai pas, je ne reculerai pas. »
Le Président français, Emmanuel Macron, a également dénoncé cet antisémitisme qu’il a identifié avec l’extrême-droite mais aussi avec la gauche: « Le poison antisémite n’est constitué que d’un seul ingrédient, la haine (…) une haine née à l’extrême droite, qui a prospéré à l’extrême droite et qui a su essaimer au-delà de l’extrême droite. Et aujourd’hui malheureusement jusqu’à certains rangs de l’extrême gauche et de la gauche pour qui l’antisionisme fait office d’alibi à l’expression de l’antisémitisme ».
Le député de La France Insoumise, Aymeric Caron, s’est insurgé contre la remise de ce prix à Arthur et Sophia Aram qu’il qualifie de »soutiens des massacres à Gaza ».
Dans un post publié sur son compte X, Caron écrit: »Le prix de la honte. Hier Arthur et Sophia Aram ont reçu des mains du président de la République un prix censé récompenser « un artiste et son œuvre dans son rapport aux droits humains. » Comment est-il possible que ce prix ait été attribué à deux personnes soutiens des massacres à Gaza, qui n’ont jamais eu un seul mot pour les 20000 enfants palestiniens qui y ont été assassinés par Israël depuis un an et demi ? Simple. Le prix Jean-Pierre Bloch est attribué par La Licra. La Licra, qui a écrit un texte en 2024 pour défendre Israël, soutenir les opérations militaires israéliennes et discréditer les défenseurs du droit international qui s’engagent pour les Palestiniens. La Licra dont l’une des porte-parole a été Caroline Yadan, députée qui porte aujourd’hui la parole du Likoud à l’Assemblée nationale et qui traite d’antisémites tous les soutiens des droits des Palestiniens, exactement comme le font Arthur et Sophia Aram. La boucle est bouclée. Le prix censé récompenser un engagement pour les droits humains devient soudainement officiellement un prix qui récompense la lutte contre l’antisémitisme, et le tour est joué. Le prix récompense donc en fait cette année les défenseurs d’un génocide. Ce qui est particulièrement grave, c’est que le Président de la République française se prête à cette mascarade indécente, alors qu’Israel a rompu le cessez-le-feu, que plus de 1000 civils ont encore été tués en 2 semaines, dont plusieurs centaines d’enfants massacrés ».