A quelques jours des élections, la dirigeante de Yamina répond à nos questions et tient à s’adresser aux électeurs francophones. Seule femme tête de liste pour ces élections et la première à être numéro dans un parti de droite depuis 1948, Ayelet Shaked ne craint pas les coups et refuse la médisance. Elle mène une campagne respectueuse avec un message clair.
Le P’tit Hebdo: Dans quel état d’esprit abordez-vous cette dernière ligne droite?
Ayelet Shaked: Il y a, bien sûr, de la pression. Nous travaillons dur parce qu’il est très important pour nous d’être un grand parti. Nous voulons obtenir au moins 12-14 mandats. Binyamin Netanyahou essaie de tirer les électeurs à lui, alors qu’il sait très bien que nous le recommanderons au poste de premier ministre.
Lph: Il est vrai que chez les électeurs de droite, il existe cette crainte que Netanyahou ne soit pas premier ministre et donc ils votent Likoud.
A.S.: Cette crainte est infondée. Prenons l’exemple des dernières élections, le Likoud a obtenu un score historique et pourtant Netanyahou n’avait pas de bloc de droite pour former un gouvernement. Voter pour Yamina, c’est un double gain : garantir que Binyamin Netanyahou sera premier ministre et avoir un gouvernement de droite. L’histoire nous a montré que Netanyahou était capable d’aller avec la gauche, nous devons tout faire pour le tirer vers la droite. C’est pour cela que nous appelons les électeurs de droite à nous donner leur suffrage et surtout à ne pas voter pour un parti qui ne passera pas le seuil d’éligibilité.
Lph: Que dites-vous à ceux, dont beaucoup de jeunes, qui sont attirés par le vote Otsma Yehoudit?
A.S.: Voter pour Otsma Yehoudit c’est voter pour la gauche. Ils ne passent le seuil d’éligibilité selon aucun sondage. Si Itamar Ben Gvir avait vraiment l’intérêt du peuple et des jeunes en priorité, il aurait accepté la 8e place sur notre liste. Il a préféré rester à l’extérieur et crier.
Lph: Alors pourquoi voter Yamina?
A.S.: D’abord parce que c’est le seul vote qui garantira un gouvernement de droite.
Notre liste est constituée d’hommes et de femmes d’action. Nous l’avons prouvé lors du précédent gouvernement. Par ailleurs, nous sommes droits, nous travaillons pour le peuple et non pour nos intérêts personnels. Enfin, notre rôle sera de tirer le gouvernement vers la droite. Sur ce point aussi, nous avons des avancées à notre actif. Avant que Bennett et moi n’entrions en politique, Netanayahou parlait d’un Etat palestinien, aujourd’hui, il parle de souveraineté sur la Judée-Samarie. Nous avons mené un changement que nous poursuivrons jusqu’à sa concrétisation totale.
Lph: Participerez-vous à un gouvernement avec Liberman?
A.S.: Pour l’heure la question ne se pose pas puisqu’il a annoncé vouloir un gouvernement d’union nationale et non un gouvernement de droite.
Lph: Et vous êtes contre un gouvernement d’union nationale?
A.S.: Si la notion d’union est toujours très séduisante sur le papier, en ce qui concerne un gouvernement, elle est synonyme de paralysie. Un tel gouvernement ne pourra pas travailler. Nous représentons la droite idéologique, la maison du sionisme religieux et nous ferons tout pour qu’un vrai gouvernement de droite voit le jour. Pour cela, nous avons besoin du soutien des électeurs.
Lph: Quelles seraient vos priorités si vous êtes au gouvernement?
A.S.: Nous avons un programme très précis dans tous les domaines. Je vais prendre l’exemple du logement, très cher aux jeunes couples notamment. Nous souhaitons construire 110000 unités de logement en Judée-Samarie, afin d’augmenter l’offre et ainsi réduire le prix de l’immobilier. Des quartiers de Jérusalem, comme Guivat Hamatos, peuvent être développés dans ce but aussi. Nous continuerons à travailler pour protéger les plus faibles et améliorer les conditions de vie. Notre économie se porte bien mais les démunis sont encore trop nombreux. Lorsque j’étais ministre de la Justice, j’ai initié l’annulation des dettes des familles dans l’incapacité totale de rembourser. Plusieurs personnes m’ont dit que je leur avais ainsi sauvé la vie. Nous avons aussi enclenché un programme d’allégement des prélèvements fiscaux pour les indépendants et les PME. Tout ceci nous voulons le poursuivre.
Lph: Et l’alya de France?
A.S.: Nous nous revendiquons comme le parti de l’alya de France. Il y a plusieurs mois déjà, Bennett avec Yomtov Kalfon et Qualita, a mis au point un programme détaillé pour l’encouragement de l’alya de France et l’intégration des olim. Les mesures sont budgétées et très concrètes. Nous ferons figurer ce budget dans l’accord de coalition.
Lph: Où vous voyez-vous dans 10 ans? Au poste de Premier ministre ?
A.S.: Il est très difficile de prévoir les choses en politique. Je n’élimine pas l’éventualité mais pour l’instant je me concentre sur ma mission actuelle : obtenir plus de 10 mandats pour Yamina aux prochaines élections et ainsi permettre la constitution d’un gouvernement de droite.
Propos recueillis par Avraham Azoulay