Lorsque le Pr Gabriel Izbicki s’est lancé dans un projet d’ouvrage avec des commentaires sur les parachiot et les fêtes, certains ont tenté de le décourager: il en existe tellement – lui ont-ils dit – que cela n’attirera personne. Ils se trompaient, l’ouvrage »Atstat Gabriel » a vu le jour et il enrichit considérablement le paysage des commentaires hebdomadaires sur de nombreux plans.
LPH a tenu à vous faire découvrir un livre de Torah pas comme les autres.
»Le profane n’existe pas »
Le Professeur Gabriel Izbicki, auteur de »Atsat Gabriel » n’est pas Rabbin. Il est directeur du service de pneumologie de l’hôpital Shaaré Tzedek, à Jérusalem. Son parcours est déjà un signe de l’originalité de son recueil de commentaires.
Il a grandi à Genève, puis « naturellement », comme il le souligne, il est entré à la Yeshiva de Montreux, du Rav Moshé Botschko zatsal. « Ces trois années de ma vie, entre 15 et 18 ans, ont été les plus belles. Ce sont celles qui, à côté de l’éducation que mes parents (que D’ieu leur prête vie jusqu’à 120 ans) m’ont donné, ont influencé tout ce que j’ai fait par la suite ».
A 18 ans, Gabriel Izbicki fait son alya, il effectue son service militaire et se bat lors de la première guerre du Liban. Il étudiera à la Yeshiva de Maalé Adoumim, sous l’autorité du Rav Haïm Sabato. Suite à cela, il rentre en Suisse pour étudier la médecine, il rencontrera son épouse, Nicole. Quelques années et trois enfants plus tard, en 1997, le couple fait son alya.
Le Professeur Izbicki, qui effectue une brillante carrière médicale, ne néglige pas pour autant, l’étude. « Depuis mon arrivée en Israël et jusqu’à aujourd’hui, j’ai toujours la même havrouta ». Et ce n’est pas tout, il consacre du temps dans son emploi à la préparation d’un Dvar Torah sur la paracha, à la table familiale de Shabbat. Il demeure profondément attaché à l’étude de la Torah et à la pratique des mitsvot.
On pourrait s’étonner que vous ayez choisi un métier profane, compte-tenu de l’amour et de l’importance que vous consacrez à la Torah et de l’érudition qui est la vôtre. Pourquoi avoir quitté les bancs de la Yeshiva?
Le Pr Izbicki cite son maitre le Rav Moshé Botschko pour nous répondre: »A Montreux, nous étudions le kodech, et nous préparions le baccalauréat. Les cours consacrés à cela n’étaient pas appelés matières profanes mais études générales. Pour le Rav Botschko zatsal, il n’y a pas un monde sacré d’un côté et un monde profane de l’autre. Son idée était que nous devions sanctifier tout ce que nous faisions dans la vie. La Torah a vocation à sortir du Beth Hamidrach. Pour moi, il n’y a donc aucune contradiction à exercer ma profession de médecin tout en étant attaché à l’étude. De plus, mon père était cardiologue et depuis l’âge de 13 ans, j’ai toujours su que je voulais être médecin ».
Eveiller le débat
Le livre du Pr Gabriel Izbicki est né »par hasard ». Il nous confie qu’il n’avait nullement le projet de publier les divré Torah qu’il partageait autour de la table de Shabbat avec sa famille.
« Chaque Shabbat, une discussion s’animait à partir du Dvar Torah que je préparais sur la paracha de la semaine. Celle-ci pouvait être véritablement passionnante et à un moment donné, je m’asseyais tous les motsé Shabbat, pour retranscrire ces débats familiaux. Cela a duré deux ans, puis je me suis aperçu que j’avais un beau cahier bien rempli! ». C’est alors que commence véritablement la rédaction d’un recueil de toutes ces idées originales, qui partent de l’étude du Pr et qui s’enrichissent par les débats familiaux.
»Je me suis renseigné sur la façon d’éditer un livre et je l’ai envoyé à des Grands Rabbins pour obtenir leur approbation. Le Rav Israël Meïr Lau, ancien Grand Rabbin d’Israël l’a lu avec beaucoup d’intérêt, j’en ai été le premier surpris. Bien entendu, j’ai également sollicité le Rav Haïm Sabato, mais aussi le Rabbin de la Vieille ville de Jérusalem, Rav Avigdor Nebezahl et le directeur du Département de Médecine et Halaha du Rabbinat d’Israël, Directeur du centre d’étude de la Torah Merhavim, et Professeur à la faculté de Médecine – en éthique médicale, le Rabbin Professeur Ygal Safran ».
Rav Israël Meïr Lau et Pr Gabriel Izbicki
Après avoir obtenu leur bénédiction, le Pr Izbicki a été aidé par la maison d’édition qui a accepté de publier le livre à ses frais.
Pourtant, tout le monde ne l’a pas encouragé dans cette voie. Un Rosh Yeshiva a même tenté de le dissuader de sortir son livre, arguant du fait qu’il y en avait pléthore. « Cela m’a perturbé. Je me suis alors adressé à un de mes maîtres, le Rav Abba Weingort. Pour lui, il fallait absolument que je mène ce projet jusqu’au bout. Il y a vu un message qui prouvait que l’on pouvait être très occupé par son métier et écrire des divré Torah, qui ne sont pas un recueil de citations mais bien des idées originales ».
En effet, c’est là que réside l’originalité de »Atsat Gabriel ». Il a été écrit par un chef de famille, sans prétention aucune et apporte des idées nouvelles, une vision de la paracha et des fêtes qui s’appuie sur nos Sages mais qui ne se retrouvent nulle part ailleurs.
Comment souhaitez-vous que votre ouvrage soit lu? »De mon point de vue, un Dvar Torah et particulièrement celui à la table familiale ne doit pas être un long monologue. Il doit servir de base de réflexion, de stimulateur de discussion et pourquoi pas de source de débats. La chose la plus importante c’est de faire vivre la Torah, ainsi elle devient intéressante pour tous, petits et grands. Ce qui me fait le plus plaisir c’est quand on me dit que mon livre sert à cela ».
Un processus d’ouverture
Le livre est écrit en hébreu, langue que l’auteur utilise lorsqu’il parle de kodech avec ses enfants, bien que le français soit la langue à la maison.
Une traduction en français pour bientôt? « Ce n’est pas prévu faute de temps et de moyens. Personnellement, je ne peux pas m’engager à la faire mais si une personne en témoigne l’envie, je suis prêt à l’aider pour trouver les ressources nécessaires ».
L’auteur du livre n’a pas cherché à en faire autre chose qu’un vecteur de transmission de la Torah. C’est la raison pour laquelle, il le distribue gratuitement à ceux qui souhaitent se le procurer. »Ceux qui veulent payer quelque chose, peuvent le faire, et je reverse l’intégralité aux yeshivot dans lesquelles j’ai étudié: Eikhal Eliahou à Kohav Yaacov et Birkat Moshé à Maale Adoumim ».
Cela n’empêche pas le Pr Gabriel Izbicki de réussir son pari avec son ouvrage. Le processus d’ouverture qu’il souhaitait engager est en marche, jeunes et moins jeunes, tout le monde peut profiter de divré Torah qui ne sont pas trop longs, au contenu recherché, dans un hébreu parfois un peu élevé mais qui justement nous met au défi et nous invite à une réflexion bienvenue autour de nos textes.
Pour se procurer l’ouvrage gratuitement
Photo à la une: Rav Haïm Sabato et Pr Gabriel Izbicki
Guitel Ben-Ishay