Le Département des enquêtes de la police israélienne a levé mardi l’interdiction de publication concernant l’affaire d’un agent du Shin Bet arrêté le 9 avril 2025 à Eilat. Cette décision vise à « mettre fin à la diffusion continue d’informations trompeuses » après que des détails partiels et erronés ont commencé à circuler.
L’officier, identifié uniquement par l’initiale Y., est soupçonné d’avoir commis des infractions graves à la sécurité nationale. Selon l’enquête, il aurait « exploité sa position de sécurité et l’accès qui lui a été accordé aux systèmes du Shin Bet » pour fournir à plusieurs reprises des informations classifiées à des parties non autorisées, notamment au journaliste Amit Segal de News 12 et au ministre Amichai Shikli.
D’après les informations révélées, le suspect avait pris sa retraite avant le 7 octobre, mais a été rappelé dans la réserve au déclenchement de la guerre, avant d’être employé sous contrat à court terme par le Shin Bet.
Lors de son interrogatoire, l’agent a affirmé que « son objectif était de faire connaître au public des informations de la plus haute importance publique ». Il soutient également que les informations divulguées « n’ont pas porté atteinte à la sécurité de l’État » et qu’elles « ont été approuvées par la censure avant leur publication ».
L’enquête est actuellement menée conjointement par l’équipe de divulgation de l’armée israélienne et du Service de sécurité générale. Les responsables de l’enquête ont précisé qu' »aucun témoignage de journalistes n’a été recueilli » dans le cadre de leurs investigations.
Suite à l’arrestation, une ordonnance interdisant au suspect de rencontrer un avocat avait été émise, mais celle-ci a depuis été levée. Sa détention a été prolongée jusqu’à mercredi.
Dans sa première réaction face à cette affaire, le ministre Amichai Shikli a catégoriquement nié toute divulgation de documents secrets et a promis de « se battre pour l’innocence du suspect de toutes ses forces ». Il a qualifié l’officier arrêté de « héros d’Israël » et de « dénonciateur de corruption prêt à prendre un risque contre deux fonctionnaires entrés dans un Vertigo extrêmement dangereux. »
Le ministre a porté de graves accusations contre Ronen Bar, directeur du Shin Bet, affirmant que « l’État d’Israël n’a jamais eu un chef du Shin Bet plus dissolu, arrogant et raté de toute son histoire. » Selon lui, l’officier arrêté aurait révélé que « en pleine guerre, le chef du Service de sécurité générale était occupé à espionner de manière obsessionnelle un ministre en exercice ». Il aurait également démontré que « les éléments rendus publics par l’enquête du Shin Bet sur les circonstances du début de la guerre présentent une image fausse et déformée ».
Shikli a dénoncé ce qu’il considère comme une « persécution politique », soutenant qu' »aucune des informations publiées ne répond à la définition de matériel secret ou de matériel contenant un risque pour la sécurité de l’État ». Il a même ajouté que « le fait de ne pas divulguer ces documents à l’échelon politique et au public constitue une atteinte à la sécurité de l’État. »
Rappelant que Bar avait déjà été « effectivement démis de ses fonctions par le gouvernement à l’unanimité », Shikli l’accuse de s’accrocher à son poste et d’avoir « détourné l’organisation pour utiliser ses capacités les plus draconiennes comme un outil personnel de vengeance et de persécution politique. »
L’affaire a également provoqué de vives réactions parmi les responsables gouvernementaux. Simcha Rotman, président de la commission de la Constitution, du droit et de la justice, a critiqué Ronen Bar, le chef du Shin Bet, et la procureure générale Gali Baharav-Miara, suggérant qu’ils mobilisent des ressources considérables pour cette affaire. De son côté, le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, a également exprimé de sévères critiques, évoquant ce qu’il considère comme des abus de pouvoir de la part de ce qu’il appelle « l’État profond ».