LPH a rencontré Ariel Picard, coordinateur projet alya de France au sein du ministère de l’alya et de l’intégration. Il dresse avec nous le tableau de cette immigration en croissance constante et des efforts faits en sa direction pour optimiser l’intégration des nouveaux arrivants.
Le P’tit Hebdo: Une nouvelle ministre a pris la tête du ministère de l’Alya et de l’Intégration suite au récent remaniement. Cela change-t-il quelque chose?
Ariel Picard: D’une manière générale, l’objectif du ministère de l’Alya et de l’Intégration demeure identique, quel que soit le ministre à sa tête. Il s’agit de favoriser au maximum l’alya et la bonne intégration des olim dans le pays et la société israélienne.
Lph: Depuis de nombreuses années, maintenant, le ministre de l’alya est toujours d’origine russe. Cela influence-t-il la politique, en d’autres termes, les Français sont-ils laissés pour compte?
A.P.: Absolument pas. Je vais vous donner un exemple. Les médecins français ou les diplômés de BTS technologiques sont beaucoup plus facilement reconnus et acceptés que leurs collègues originaires de l’ancienne URSS. On entend malheureusement beaucoup de préjugés qui sont faux. Ces derniers mois, le ministère a été beaucoup attaqué par des personnes qui avaient des difficultés totalement personnelles.
Lph: Certains francophones ou certains organismes francophones ont-ils tendance à davantage monter au créneau contre le ministère de l’alya et de l’intégration ces derniers temps?
A.P.: C’est le droit des organismes de défendre les intérêts des olim face au ministère de l’alya et de l’intégration. Ceci étant, certaines paroles, certaines déclarations ont été ressenties comme de véritables attaques injustifiées et surtout injurieuses. Ce qui est le plus dérangeant, ce sont les critiques contre l’Etat d’Israël et la remise en cause de sa volonté de tout faire pour aider les olim.
Lph: Le sentiment de beaucoup est pourtant que si on ne râle pas alors on n’obtient rien…
A.P.: Contrairement aux idées reçues, je ne pense pas que cela marche de cette façon en Israël. Il est normal de demander des changements que l’on estime être dans l’intérêt général. Mais je crois qu’en Israël, on sait, tout en demandant fermement les choses, rester respectueux.
Lph: L’image que l’on a des démarches pour les olim ressemble, malgré tout, à un affrontement. Les associations et le ministère de l’alya et de l’intégration devraient marcher ensemble et on a l’impression qu’ils sont dans un face-à-face.
A.P.: Je pense que, là encore, il s’agit d’une fausse impression. Il n’y a qu’à interroger les responsables d’association. Ils savent que nous sommes à l’écoute, mon bureau est toujours ouvert. Bien entendu, je ne peux pas accéder à toutes les demandes, nos budgets étant limités et souvent, la solution ne se trouve pas au niveau de notre ministère. Mais on ne peut pas dire que l’on soit engagés dans un face-à-face, il existe une véritable coopération, dont les bienfaits se ressentent sur le terrain.
Lph: Une catégorie de personnes prend de l’importance concernant l’alya et l’intégration aujourd’hui: les ”proyektorim”, projecteurs. Qui sont-ils?
A.P.: Ils sont employés par les mairies qui reçoivent des subventions du ministère de l’alya et de l’intégration pour les rémunérer. Ces postes ont été créés, à la suite de la vague d’alya de 2005-2006, qui a souffert de beaucoup de difficultés. Il a alors été décidé qu’il ne suffisait plus d’avoir uniquement des postes au ministère de l’alya et de l’intégration mais aussi sur le terrain auprès des municipalités pour aider les olim. Chaque candidat à l’alya est mis en contact avec le projecteur de la ville dans laquelle il a décidé de s’installer. Leur travail est très important, ils se donnent beaucoup de mal. Ils se trouvent dans toutes les grandes villes à forte concentration francophone et contribuent énormément à la réussite de l’intégration des olim.
Lph: Le nombre d’olim de France a augmenté ces dernières années. Le visage de cette alya est-il aussi en évolution?
A.P.: Les plus nombreux à faire leur alya restent les 18-35 ans. Ceci étant, depuis 2013, on observe une évolution avec une alya de plus en plus importante de familles avec des jeunes enfants. Et l’Etat s’attache à s’adapter à cette nouvelle donnée: augmentation des heures d’oulpan pour les enfants ou encore un renforcement des soutiens scolaires, notamment. Ceci grâce à des budgets conséquents alloués par le ministère de l’alya et de l’intégration. De même, nous subventionnons des oulpan privés pour les adultes qui ne pouvaient suivre les cours du matin.
Lph: Comment prépare-t-on son Alya?
A.P.: La meilleure façon de préparer son alya c’est d’apprendre la langue, de prendre un maximum de renseignements, d’essayer déjà en amont d’explorer les opportunités professionnelles. Nous avons d’ailleurs permis de financer 130 classes d’oulpan à travers la France, par des budgets alloués à l’Organisation Sioniste Mondiale, 35 classes ont déjà été ouvertes à l’heure qu’il est.
Une alya demande une préparation. Il faut, à cet effet, profiter de tout ce que l’Agence Juive, en collaboration avec le ministère de l’alya et de l’intégration, offre dans les différents salons d’alya qui se tiennent de plus en plus fréquemment en France et participer si nécessaire aux différentes activités (cours de préparation aux examens, soirées d’information, etc.) proposées aux candidats à l’alya.
Lph: Quel est le message que vous souhaitez passer aux Juifs de France aujourd’hui?
A.P.: Que chacun fasse son choix non pas dans la précipitation mais au terme d’une réflexion bien menée. Nous souhaitons que l’alya de France soit toujours un choix volontaire et non contraint. Une fois que la décision est prise, il faut comprendre qu’Israël est un autre pays, ce qui signifie qu’on y parle une autre langue, que les systèmes éducatif, de santé ou social ne sont pas les mêmes. On ne peut pas calquer ici ce qu’on a connu en France.
Ceci étant, gardons en tête qu’Israël est un pays en pleine expansion, un pays fort, le seul pays juif au monde dans lequel on peut être juif pleinement et librement sur la terre de nos ancêtres.
Propos recueillis par Avraham Azoulay
L oulpan doit etr obligatoire !