Trois juges de la Cour d’appel de Buenos Aires ont décidé à l’unanimité de confier l’enquête sur la mort mystérieuse du procureur Alberto Nisman au tribunal fédéral où sont traités les cas d’assassinats politiques.
Nisman, rappelons-le, menait depuis dix ans des investigations sur l’attentat terroriste contre un immeuble de la communauté juive de Buenos Aires qui avait causé, en juillet 1994, la mort de 85 personnes. Lorsque Nisman a été trouvé sans vie, avec une balle dans la tête, dans son appartement, le 18 janvier 2015, il venait de mettre en cause la présidente de l’Argentine, Cristina Fernandez de Kirchner, et d’autres personnalités politiques, leur reprochant d’avoir couvert des suspects iraniens impliqués dans cette affaire. Depuis, la présidente a été écartée du pouvoir et remplacée par un nouveau régime plus ouvert qui n’a pas les mêmes liens avec l’Iran.
Après le décès de Nisman, la plainte contre Cristina Fernandez de Kirchner avait été écartée. Mais Nisman avait envoyé trois mails à des amis pour leur faire part des résultats de ses recherches. L’ancien patron des services secrets argentins, Jaime Stiuso, qui était un ami de Nisman et peut-être l’un des destinataires des courriels, avait alors été limogé par la présidente argentine.
Quelques semaines avant sa mort, Nisman aurait reçu plusieurs menaces de mort. L’une d’entre elles a été lue par l’avocat de l’ex femme de Nisman, Me Manuel Romero, devant la cour.
L’avocat Pablo Lanusse, qui représente la mère d’Alberto Nisman, Sara Garfunkel, a déclaré : « Nisman a été assassiné pour empêcher les progrès de ses travaux pour l’Etat. Ce cas doit être transféré à la cour fédéral pour que celle-ci puisse enfin reconnaitre que Nisman a été victime d’un meurtre ».