Amit Soussana a été enlevée le 7 octobre de sa maison à Kfar Azza. Elle a été libérée lors du premier accord en novembre 2023.
Amit est devenue un symbole après la diffusion de la vidéo où on voit avec quel courage elle s’est battue contre une dizaine de terroristes au moment de son enlèvement puis après sa libération lorsqu’elle a raconté le viol dont elle a été victime en captivité.
Amit veut parler, elle veut témoigner, il est important pour elle que le monde sache. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle depuis qu’elle a été libérée, elle s’est rendue devant des publics importants et divers dans le monde pour expliquer ce qu’elle avait vécu et sensibiliser le plus grand nombre à la cause des otages.
Hier (mardi) était diffusée sur la chaine N12 dans l’émission Ouvda, une longue interview d’Amit Soussana. Elle est revenue sur son enlèvement mais aussi sur les moments extrêmement difficiles qu’elle a vécus pendant sa captivité.
Elle a raconté que lors de son enlèvement, elle s’est battue afin de gagner du temps dans l’espoir que l’armée ou quelqu’un la voit et vienne lui porter secours. »J’ai fait semblant de partir avec eux, de ne pas résister. Je trébuchais, j’avançais doucement. Au début, ils m’ont crue. Puis j’ai commencé à m’agiter avec les pieds et les mains pour qu’on voie que je suis en vie, que quelqu’un vienne, un drone, l’armée », témoigne-t-elle.
Elle a été violemment frappée par les terroristes: »Ils m’ont ouvert la lèvre, ils m’ont cassé le nez, l’arcade sourcillière. Je n’avais pas mal, je ne me souvient pas de la douleur. Je me disais simplement qu’ils allaient me tuer et qu’au moins je devais lutter. C’était le combat de ma vie. J’ai donné tout ce que j’avais parce que je pensais que j’allais mourir de manière atroce ».
Au début, Amit est détenue seule, surveillée par un terroriste qui se comporte avec elle de manière obscène: »J’avais peur de lui, il y avait beaucoup de signaux qu’il allait m’agresser. Il se préoccupait de mes règles de manière obsessive, il faisait beaucoup d’allusions sexuelles, il s’asseyait à côté de moi vêtu d’un caleçon uniquement, me carressait. Il me soulevait mon T-shirt pour regarder les cicatrices. Parfois, il me disait des choses qui me mettaient mal à l’aise. Je bougeais la tête mais j’étais obligée d’être gentille avec lui ».
L’agression est arrivée: »Bien que je me sois préparée, cela m’a surprise », confie Amit, »Il m’a tirée dans la chambre, je me suis assise à côté de la porte et je me suis renfermée. Il m’a donné des coups de poings et m’a menacée avec un pistolet. C’était une agression sexuelle sous la menace d’une arme ».
Amit raconte qu’elle se trouvait dans l’obscurité totale pendant toutes ces journées: »Il y a à Gaza une obscurité. Quand tu ouvres les yeux, tu as l’impression qu’ils sont encore fermés. Je regardais sans arrêt son pistolet et je m’imaginais lui tirer dessus et m’enfuir. J’étais tout le temps attachée, quand je devais aller aux toilettes, il fallait que je lui demande. Ce qui m’a le plus brisée c’est l’obscurité totale ».
Au bout de trois semaines pendant lesquelles elle était seule, Amit a été transférée dans un autre endroit où elle a rencontré d’autres otages pour la première fois. L’une d’entre elles était Liri Albag.
Dans cet endroit, les terroristes étaient particulièrement violents parce qu’ils pensaient qu’Amit était un officier de l’armée israélienne: »Ils ont amené deux bâtons, ils m’ont attachée comme un poulet sur le grill, la tête en bas avec du scotch sur la figure ». Les terroristes l’ont frappée, un la menaçait avec une fourche près de son oeil. Ils voulaient lui extorquer des informations.
La torture a été terrible jusqu’à ce que Liri intervienne et parvienne à convaincre les terroristes qu’Amit n’était pas une soldate et encore moins un officier. A cet instant, les sévices ont cessé.
»Liri est quelqu’un d’exceptionnel, elle a de la force. Je lui ai dit quand elle est rentrée: ‘Je ne sais pas s’ils m’auraient tuée ou non, mais pour moi tu m’as sauvé la vie »’.