Il y a un an, un événement historique s’est produit sur les terres de la région du Binyamin: un nouveau yishouv a vu le jour. Ami’haï (mon peuple vit) est le premier yishouv qui est né depuis 30 ans en Judée-Samarie! Son histoire n’a rien d’anodin, puisqu’il a été fondé pour accueillir les expulsés d’Amona.
Nous nous sommes entretenus avec Avi’haï Boaron, un des leaders de la lutte pour la survie d’Amona, pionnier de ce yishouv déraciné et moteur de la création d’Ami’haï.
Le P’tit Hebdo: Ami’haï fête sa première année d’existence. Quels sont les sentiments qui vous animent?
Avi’haï Boaron: Ce yishouv a vu le jour au terme d’une lutte de plus d’un an des expulsés d’Amona. Nous logions alors dans une auberge de jeunesse à Ofra et nous étions déterminés à y rester jusqu’à ce qu’une réponse forte à la disparition d’Amona soit donnée. Le gouvernement voulait nous répartir dans les différents yishouvim existants, nous n’avons pas accepté. Le premier ministre s’était engagé à créer un nouveau yishouv, il a tenu sa promesse. Ami’haï est le premier yishouv à voir le jour depuis 30 ans en Judée-Samarie, c’est un précédent, qui a eu lieu grâce à beaucoup d’aide du Ciel. Le message est clair: non à l’expulsion d’un seul Juif de chez lui, mais si cette situation se présente, alors en réponse, un nouveau yishouv doit voir le jour.
Aujourd’hui, vivent à Ami’haï les 36 familles d’Amona. Nous sommes dans des caravanes et bientôt nous pourrons acquérir des terrains pour y reconstruire nos maisons. Dans un premier temps 102 maisons seront construites. A terme, le programme prévoit la construction de près de 700 maisons, sur les terres d’Ami’haï. Nous espérons entrainer dans notre sillage, la régularisation des yishouvim voisins: A’hia, Kida, Adei Ad, Esh Kodesh.
Nous sommes dans la nostalgie d’Amona, nous y retournons souvent. Nous y avons laissé nos souvenirs, notre jeunesse. Mais petit à petit, un nouvel amour est en train de naître pour Ami’haï, c’est notre nouveau puits et nous remercions D’ieu pour ce bien.
Lph: La lutte pour Amona n’aura donc pas été vaine?
A.B.: En effet, Amona n’a pas pu être sauvée mais notre lutte a permis de grandes avancées pour la ”ityashvout”, l’installation de Juifs sur nos terres. Avec l’aide de Betsalel Smotrich, nous avons porté la loi de régularisation (‘hok haassdara), en coopération avec Yariv Lévin et sur la base aussi d’un texte déjà écrit pas Zvouloun Orlev. Betsalel Smotrich l’a imposé au sein d’Habayit Hayehoudi qui l’a placé au cœur des débats du Likoud. Le but de cette loi est de régulariser toutes les maisons construites sur des terres dites ”privées”. Au terme de nombreuses pressions et malgré l’opposition du conseiller juridique du gouvernement, la loi a été votée. Elle est actuellement devant la Cour Suprême mais tant qu’elle n’a pas rendu son avis, la loi est en vigueur. Si le gouvernement actuel passe la loi de contournement du Bagatz alors tout sera réglé.
Grâce à cela aussi, le yishouv ‘Harasha a pu commencer à construire des maisons à des endroits où cela leur était interdit jusqu’alors parce que la route passait sur un terrain privé.
Lph: Cette loi vous permettrait-elle de retourner à Amona?
A.B.: Non, car elle n’est pas rétroactive. Mais Amona renaitra parce que grâce à la générosité de notre peuple, nous avons pu acheter 40 dounam de terres à Amona, que l’on espère rapidement pouvoir inscrire à notre nom et afin de pouvoir y construire.
Lph: Quel message souhaitez-vous passer à l’occasion des 71 ans de l’Etat?
A.B.: Ami’haï est un village très symbolique à plus d’un titre et notamment car son existence crée une continuité territoriale juive entre la mer et la vallée du Jourdain. Le message est clair: nous sommes là pour rester. Le gouvernement, en autorisant la création d’un nouveau yishouv, l’a clairement indiqué au reste du monde. Il n’y a pas de place pour un autre Etat entre la mer et le Jourdain.
Propos recueillis par Guitel Ben-Ishay