AlyaMetz: pourquoi ce projet nous fait-il tant réagir en Israël?
Président Fondateur de Qualita
Metz voulait faire du buzz. Reconnaissons-lui au moins ce premier succès !
Mais « mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde » disait Camus.
En employant les termes d’« Alya » ou encore de « nouveaux arrivants » pour faire la promotion de sa ville, et proposer aux Juifs français de s’y installer pour continuer à vivre sereinement leur judaïsme, la Communauté de Metz a choqué bien sûr !
Car au-delà de cette dimension purement sémantique, Metz nous rappelle qu’on ne peut plus nier ce double constat désolant :
1/ Les Juifs de France, et notamment ceux qui habitent en Ile de France, sont en danger. 300 personnalités mobilisées contre le nouvel antisémitisme en France ont dénoncé la semaine dernière une « une épuration ethnique à bas bruit » dans certains quartiers qui se vident de leurs Juifs.
Mais pour aller où ?
Tous n’ont pas les moyens financiers, la maîtrise de l’hébreu ou l’espoir d’une reconversion professionnelle sérieuse pour envisager aujourd’hui de « monter en Israël ».
2/ Israël n’offre pas de solutions à ces Juifs français comme elle a su le faire pour les juifs russes ou aux éthiopiens. Pire, il est à craindre qu’Israël ne soit pas « intéressé » par cette alya française. C’est malheureusement ce que QUALITA vérifie chaque jour …
Le Ministère israélien des finances propose aux jeunes couples israéliens ou aux soldats ayant terminé leur service militaire des prix attractifs sur l’immobilier, des prêts à taux préférentiel, des merkazei klita … Pourquoi ne pas étendre ces offres aux olim de France ?
Et les aides à l’emploi ?
Qu’en est-il par ailleurs de ces dossiers trop nombreux de reconnaissance des diplômes français ? L’exemple de celui des infirmières est édifiant quand on connait d’une part, le niveau de qualification des infirmières françaises parmi les meilleures au monde, et d’autre part le besoin cruel des services de santé en Israël.
En réalité, l’appel de Metz a fait réagir et créé la polémique car il a laissé entendre qu’il était LA solution à « l’épuration ethnique » dénoncée en France. Philippe Wolff, le Président de la Communauté de Metz, a incontestablement d’excellents arguments économiques et sociaux pour convaincre les Juifs en détresse de rejoindre sa ville.
Mais peut-on raisonnablement croire qu’à moyen, voire à court terme, elle restera épargnée par les attentats, le climat antisémite et la violence antisioniste des média ?
Attention à ne pas susciter de faux espoirs !
Colonel de réserve
Très impliqué depuis de nombreuses années dans l’encouragement à l’alya, le Colonel de réserve Olivier Rafowicz nous livre son sentiment sur l’initiative »Alya Metz ».
Nous sommes confrontés à un énorme problème en France: beaucoup refusent de voir la réalité telle qu’elle est, c’est-à-dire un antisémitisme au niveau individuel qui pourrit le quotidien des Juifs de France. Le drame de l’assassinat de Mme Mireille Knoll, z »l, a été un tournant. Il a fait réfléchir. Mais à vrai dire, à l’heure qu’il est, aucune mesure ne pourra être efficace dans cette atmosphère contaminée par un islamisme intégriste.
Je comprends les difficultés qu’il y a en France pour parler d’alya de manière publique mais il est très important, plus que jamais, que les responsables communautaires et les rabbins encouragent les jeunes – et aussi les autres bien sûr – mais d’abord les jeunes à penser alya. Je sais que le président du consistoire de France, le président du Fonds Social sont très proches d’Israël et encouragent par différentes méthodes et approches une alya préparée mais il faut aussi que ces attitudes touchent beaucoup de petites communautés qui ne sont pas toujours encadrées pour préparer leur communauté à l’idée de l’alya vers Israël.
A ceux qui me disent que c’est la responsabilité de l’Etat d’Israël, je réponds qu’Israël reste le seul pays sur terre pour les Juifs. L’Etat ne peut pas apporter toutes les réponses, et il en apporte déjà beaucoup. Oui, faire son alya, c’est difficile, oui la vie ici est dure, mais elle l’est pour tout le monde. Et en France? La vie est un long fleuve tranquille? Pour ma part, ces projets de création de »villes refuges » en France ne fait que reculer le problème et relève de l’aveuglement et de l’irresponsabilité que j’évoquais plus haut. Metz n’est qu’un syndrome de cela. Et utiliser le mot »alya » pour cela? J’ai honte de l’écouter!
Israël ne peut pas obliger les Juifs de France à monter. Le ministère de l’alya et de l’intégration organise des salons, l’enseignement de l’hébreu, il dépense des millions de dollars pour encourager l’alya. Mais il n’en fera jamais assez… Il ne peut pas remplacer les responsables communautaires français ni faire preuve d’une trop grande ingérence dans les affaires communautaires françaises.
Cette initiative de Metz ou Colmar, si c’est une blague a le mérite de réveiller les consciences, sinon je n’y vois qu’une ghettoïsation. La communauté francophone d’Israël doit se lever, unie et dire à ses frères et sœurs en France que l’avenir est ici. Il est normal qu’elle réagisse.
Directeur de Hemdat Hadarom
Aux difficultés nouvelles, il faut apporter des solutions originales. C’est pourquoi, je trouve la campagne « Alya à Metz » rafraichissante. Il faut juste la développer un peu. En faire un véritable mouvement de masse afin de venir en aide à nos frères angoissés d’Ile de France. Pourquoi ne pas créer sur la lancée le K.K.L, le Keren Kayemet de Lorraine, qui aurait pour but d’aider les nouveaux olim à acquérir un terrain pour y bâtir leur demeure ? Je propose également de réunir un premier congrès à Bâle, afin d’illustrer la dimension historique du nouveau mouvement. Car, comme le dit le Psalmiste, « c’est bien de Metz que sortira la Thora et la parole de Dieu de Bar-le Duc ». Ne l’oublions jamais : c’est sur le sol sacré de notre Lorraine que nos pères firent leurs premiers pas (enfin, les vôtres, je ne sais pas, mais ma grand-mère, Fanny, paix à son âme, a étudié à Epinal). Et le sol de Verdun n’est-il pas maculé du sang de nos soldats morts pour une cause dont l’importance m’échappe présentement, mais c’est juste parce que j’ai du mal à me concentrer tant cette initiative historique m’émeut. Me revient en mémoire cet incroyable Midrash oublié mais heureusement retrouvé au début du siècle précèdent dans la Gueniza du cimetière juif d’Ettendorf dans l’Alsace voisine. Lorsque Dieu demanda à Abraham d’aller sacrifier son fils, il se garda bien de lui indiquer avec précision la destination: » Prends ton fils… et dirige toi vers la montagne que je t’indiquerai » (Genèse 22,2) Le Tsaakat Haklavim commente: « Il s’agit du Mont Saint Quentin dont la valeur numérique équivaut à celle de « vers la montagne que je t’indiquerai » ! Etonnant, non? Le plus réjouissant dans cette belle initiative, c’est que des bruits courent que déjà d’autres petites communautés, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’Hexagone, à la recherche, elles aussi, d’un nouveau souffle, sont prêtes à suivre l’exemple de Metz. On parle notamment de Saint-Paul- Trois-Châteaux dans la Drôme, de Saint Symphorien dans les Deux-Sèvres et de Constantine en Algérie. Bonne chance à tous ! Vous êtes dans le sens de l’Histoire, ce qui garantit le succès de votre louable initiative !
P.s: Plus sérieusement, il n’y a rien de condamnable à chercher à attirer chez soi les juifs parisiens en quête de sécurité et qui, pour toutes sortes de raisons, n’envisagent pas pour le moment de nous rejoindre en Israël. C’est juste le détournement de sens du terme Alya qui pose problème et provoque ces réactions. Pas de quoi en faire une affaire d’état ! Ceci dit kol hakavod aux concepteurs : si l’idée était de faire du buzz autour de la sympathique communauté messsine, c’est réussi !
Directrice du projet Atid Israël
Voici plusieurs jours que j’essaie de comprendre pourquoi cette pub pour AlyaMetz m’a tant bouleversée. On m’a reproché de ne pas avoir compris cette « pointe d’humour ». On m’a également expliqué qu’il s’agissait d’une « provocation » visant à attirer l’œil.
Eh bien c’est réussi!
Impossible de rester indifférent devant cette provocation/pointe d’humour.
D’abord parce que pour moi, le mot Alya revêt une dimension métaphysique, métahistorique et que le diminuer à un déménagement de la zone parisienne occupée à la zone libre messine est un blasphème.
Ensuite parce que le concept lui-même me fait mal à la Neshama. Car personne ne sort grandi de ce projet: ni les messins, qui semblent vouloir surfer sur la vague de désarroi de la population juive de banlieue pour renflouer leur communauté en perte de vitesse; ni les Juifs de banlieue, qu’on assimile quasiment à des paquets transportables au gré des offres alléchantes de loyer modéré et de scolarité gratuite; ni les notables nationaux de la communauté juive de France, qui semblent plongés dans le désarroi ou dans l’indifférence face à ce que les 300 signataires de la récente pétition contre le nouvel antisémitisme appellent « épuration ethnique ».
Mais surtout, parce que ce projet est une baffe tonitruante au gouvernement israélien. Comme si les Juifs de France dans une situation économique précaire hurlaient au Premier ministre, aux ministères de l’Intégration, des affaires sociales, de l’Education, du Logement: « Nous voulons monter, nous rêvons de monter, mais nous ne pouvons pas monter ». Et entre nous, ce cri doit être entendu.
Créer un système différentiel d’intégration pour les candidats à l’alya doit être une des premières mesures à prendre. Mettre en place un pool d’appartements à loyer subventionné, offrir un panier d’aides conséquentes pour les Olim faisant le choix « audacieux » de vivre en dehors des zones de confort habituelles, assurer une intégration optimale dans les écoles de la périphérie sont également des mesures à envisager dans l’immédiat. Organiser une véritable campagne de communication visant à expliquer les avantages énormes de la vie en dehors des zones urbaines surpeuplées doit également faire partie des priorités.
« Vétaalénou Bésim’ha LéArtsénou », disons-nous chaque semaine dans la prière de Moussaf. Fais nous monter dans la joie vers notre terre. Nous qui sommes déjà montés avons la responsabilité d’agir pour que ceux qui n’ont pas encore franchi le pas le fassent dans la joie.
Photo Laly Derai: Vered Meïri
Beaucoup de réactions pour un non-événement qui n’est qu’une minable tentative de publicité touristique.
Aucun intérêt.
B. Dubois
Israel est atteint d’une maladie : le Kessefisme, autrement dit LE POGNONISME.
On voit l »Alyaniste Français comme une Riche Objet de Profit.
Et en plus il est Sépharade ==> Quoi de plus pour le dénigrer….encore plus
Perso, je connais pleins d’amis(es) médecins, dentistes, etc… qui se sont cassé les dents avec l’administration israélienne et qui sont, par dépit, revenus en France.