Au mois de novembre prochain une école unique en son genre ouvrira au sein de l’organisme Lev el Lev. Il s’agit d’une école de psychothérapie intégrative juive.
Pour comprendre exactement de quoi il s’agit, nous nous sommes entretenus avec le directeur, le Dr Michael Aboulafia, psychiatre pour enfants et adolescents.
Le P’tit Hebdo: Pourquoi ouvrir une école pour former des thérapeutes pour adolescents?
Dr Michael Aboulafia: En Israël, il y a plus 170000 adolescents qui auraient besoin d’un traitement psychologique pour des problèmes d’angoisse, de phobies, de dépression, etc. Or ils ne sont que 12000 à être traités. Si aussi peu bénéficient de soins c’est surtout en raison du manque de confiance de la population dans les soins psychologiques et psychiatriques.
On estime pourtant que 20% des adolescents sont à risque et 10% des enfants en Israël prennent de la ritaline, ce qui est un chiffre beaucoup trop important. Il y a donc une nécessité absolue à affiner la formation des professionnels.
Lph: Quel est le concept que vous lancez?
Dr M.A.: Nous allons ouvrir six écoles dans le pays: Jérusalem, Ramat Aviv, Ashkelon, Shaar Binyamin, Karnei Shomron, Beth Shean. Nous prévoyons aussi l’installation de cliniques spécialisées dans ces mêmes endroits. Nous les avons choisis en raison des besoins en thérapeutes qui existent dans ces zones.
Dans ces écoles, nous enseignerons la psychothérapie intégrative juive. Cette discipline propose une palette incroyable de soins, au moins 170 outils différents pour aider les enfants et les adolescents. Les cours se dérouleront au rythme de 5h30 par semaine pendant trois ans. Un diplôme de Lev el Lev sanctionnera le travail des étudiants.
Lph: Quelle est cette touche ”juive” qu’évoque le titre de votre enseignement?
Dr M.A.: Le qualificatif ”juive” ne signifie pas ”religieux”. C’est une question d’approche. Dans le judaïsme, on sait que la source du mal est le bien. Transposé dans le domaine de la psychologie, on part du principe que nous devons avoir confiance dans le patient, que rien n’est foncièrement mal. Il nous faut éveiller la force intérieure de chacun de nos jeunes, nous devons l’aider à mettre en œuvre ce potentiel qu’il possède en lui. Le but d’un traitement n’est pas de lutter contre ce qu’est le jeune mais de l’aider à se relier à lui-même. Ainsi, l’aspect ”juif” de l’enseignement s’adresse-t-il à tous les thérapeutes et à tous les patients, religieux ou pas. Il s’agit juste de transmettre la emouna dans un langage qui parle à tous, chaque homme doit croire dans le bien.
Lph: Quels critères faut-il remplir pour s’inscrire dans l’une de ces écoles?
Dr M.A.: Les cours sont destinés aux détenteurs d’une maitrise (ou équivalent) en psychologie, travail social, orientation pédagogique et autres métiers thérapeutiques. Concernant les écoles de Karnei Shomron et de Jérusalem, les cours sont non-mixtes, pour Ramat Aviv, ils ne sont destinés qu’aux femmes. Un entretien doit être passé avant d’être définitivement accepté dans le programme.
Lph: Quels sont les débouchés?
Dr M.A.: Au terme des trois années, les diplômés peuvent recevoir des patients, faire partie d’une de nos cliniques ou être enseignant chez nous ou dans les écoles. En effet, j’ai laissé sur le bureau du Ministre de l’Education, Naftali Bennett, un projet d’ateliers pour professeurs afin de leur donner, aussi, les outils pour gérer une jeunesse à problème face à laquelle ils peuvent être désemparés.
Pour plus d’informations:
www.aboulafia.org.il
Propos recueillis par Guitel Ben-Ishay