Depuis trois ans, un groupe de parole destiné aux aidants francophones a vu le jour à Jérusalem. Animé par deux psychologues bénévoles, il se réunit tous les mois au centre Frankforter.
Être aidant consiste à s’occuper d’un membre de sa famille qui est malade : un parent, un conjoint, un frère ou une sœur… Il souffre d’une maladie d’Alzheimer ou de Parkinson, ou des suites d’un AVC. Ou tout simplement il vieillit et ne sait plus faire seul les gestes du quotidien ou prendre les décisions pour lui-même, car parfois son jugement est altéré. Cette perte d’autonomie nécessite tout un arsenal d’intervenants à domicile, sans oublier les rendez-vous médicaux et la recherche d’un réseau francophone. Telle est la tâche qui incombe aux aidants, et lorsque des troubles de la mémoire viennent se greffer sur la perte d’autonomie du malade, la tâche est encore plus ardue pour ces aidants qui se retrouvent confrontés à une situation nouvelle et inédite.
« La charge mentale est grande, la culpabilité énorme, et l’aidant a besoin de passer la main pour éviter l’épuisement, les chutes, mais aussi la dépression et l’isolement social », précise le docteur Marc Cohen, médecin gériatre à l’initiative de ce groupe de parole.
Ici, on vient « vider son sac », chercher du soutien et des conseils, partager, rire et pleurer, sans jugement – et en français. « Des outils psychologiques et concrets sont mis à notre disposition ; psychologiques, parce que la relation à l’autre (le parent ou le conjoint) change, la démence est là et progresse, les repères s’effacent ; et concrets, pour réorganiser le quotidien des aidés », explique une des participantes.
Au fil du temps, ce groupe de parole est devenu un rendez-vous mensuel incontournable pour les aidants francophones de Jérusalem. On y apprend des autres, on lâche prise, on prend un peu plus de temps pour soi, et l’on apprend à vivre avec sans se sentir seul face à soi-même et à ses doutes ! Parce qu’ « ensemble, c’est tellement mieux ! », ajoute Claude Benassouli, psychologue clinicienne et l’une des animatrices du groupe. Pour elle, ce groupe de parole est « une belle réussite » liée aux « qualités humaines de ses participants : écoute, empathie, solidarité, respect de l’autre et confidentialité ».
Afin de renforcer ce dispositif, Marc Cohen propose en outre chaque mois des consultations gratuites pour les patients (les malades que les aidants assistent) au centre Frankforter. Il rassure, enveloppe, conseille et surtout explique…
Les besoins se faisant peu à peu sentir dans tout Israël, un site internet est en cours de création par Daniel Bergfeld, un aidant présent depuis le lancement du projet, et un autre groupe de parole verra prochainement le jour à Netanya, animé par une psychologue et par Roby Harcz, un autre aidant.
Nous leur souhaitons à eux aussi une belle réussite !
Pour contacter le groupe de parole : 058-419 53 85 (groupe WhatsApp)
page FB : « Aidants Aidés »
[email protected]
Article paru dans LPH numéro 982