Après des mois d’enquête sur l’incendie criminel du village arabe de Douma, dans lequel trois membres de la famille Dawabsheh ont trouvé la mort, le parquet a inculpé au tribunal de district de Lod, dimanche matin, deux suspects arrêtés le mois dernier : l’un d’entre eux, âgé de 21 ans, est accusé de meurtre et l’autre, qui est mineur (17 ans), de complicité de meurtre. Trois autres suspects, dont deux sont mineurs, sont accusés de faits graves contre des Arabes.
Dans l’acte d’accusation, il est précisé que « dans la nuit de jeudi à vendredi, fin juillet 2015, deux maisons du village (arabe) de Douma ont été incendiées et sur le mur de l’une d’entre elles, les mots « vengeance » et « vive le roi Mashiah’ » ont été inscrits. Dans l’une des maisons se trouvait une famille mais l’autre était vide. Cet incendie a causé la mort d’un enfant d’un an et demi. Le père et la mère, grièvement brûlés, ont succombé quelques jours plus tard à leurs blessures. Un autre enfant, âgé de 4 ans et demi, est toujours hospitalisé dans un état grave ».
Comme on le sait, les familles des suspects ont dénoncé les méthodes utilisées par les enquêteurs pendant les interrogatoires. L’avocat d’un d’entre eux, Me Adi Keidar, de l’organisation ‘H’oneinou’, a demandé au tribunal de « permettre la publication d’informations sur ces méthodes et sur les moyens de pression exercés par le Shin Bet ». Il a présenté cette requête en raison des intentions de la police de lever le secret de l’enquête et de révéler certains détails qui étaient jusqu’à présent restés confidentiels.
D’après l’acte d’accusation déposé ce dimanche matin, Amiram Ben Oliel et un mineur dont le nom n’a pas été publié auraient planifié un attentat contre des Arabes « pour venger le meurtre de Malah’i Rosenfeld ». Ils auraient alors observé le village de Douma et envisagé de mettre le feu à des maisons.
Selon le parquet, plusieurs jours avant l’attentat, les suspects se seraient rencontrés et auraient décidé de commettre leur acte la nuit suivante, c’est-à-dire entre le 30 et le 31 juillet 2015. L’acte d’accusation affirme qu’ils avaient l’intention « de causer la mort des habitants de ces maisons ».
Le principal suspect aurait alors préparé deux bouteilles remplis de liquides inflammables, des chiffons, un briquet et une boite d’allumettes, des gants et un vaporisateur de peinture noire. Il aurait introduit tout ce matériel dans un sac laissé près de son domicile. Le 30 juillet, à 23 heures, il aurait enfilé un pantalon de couleur sombre et deux chemises sombres, serait sorti de chez lui, aurait pris le sac et comme convenu avec le jeune mineur, il se serait dirigé vers une grotte. Ne le trouvant pas au rendez-vous, il aurait décidé d’agir seul et serait dirigé vers Douma. Il serait ensuite entré dans le village et se serait approché des maisons visées. Il aurait trouvé une fenêtre ouverte et aurait lancé des chiffons enflammés à l’intérieur.
Le commandant de la police de Judée-Samarie a déclaré dans la matinée: “ Il s’agit d’une enquête très complexe pour laquelle, en raison de son importance, de nombreuses ressources ont été employées ». Il a par ailleurs salué la coopération efficace entre les services de sécurité dont la police, le Shin Bet et le parquet. Il a ajouté que « l’enquête, d’une importance nationale, était enfin arrivée à terme avec des actes d’accusation très graves contre les auteurs du meurtre dans une affaire scandaleuse et dans d’autres crimes nationalistes ». Et de préciser : « C’est une journée particulière où l’Etat d’Israël montre qu’il n’y a aucun raccourci dans la lutte contre le terrorisme ».