L’administration Biden est dans l’embarras. D’un côté les Etats-Unis sont conscients qu’ils n’ont pas de meilleur allié au Moyen Orient qu’Israël; de l’autre la position officielle du parti démocrate est en faveur d’une solution à deux Etats et une frange influente de ce parti emmenée par Ilhan Omar et Ocasio-Cortez va plus loin encore et affiche ouvertement son soutien au mouvement BDS. Comment ménager la chèvre et le chou alors que le parti démocrate vient de sauver les meubles de justesse dans les élections de mi-mandat au Sénat et au Congrès, gardant la majorité au premier et la perdant d’une courte tête au second. ? On sait que les Etats-Unis continuent à accorder à Israël une impressionnante enveloppe budgétaire avoisinant les quatre milliards de dollars annuellement et garantissent les emprunts israéliens à hauteur de deux fois ce chiffre. Il y a une étroite coopération militaire et sécuritaire entre les deux pays ; l’Amérique met régulièrement son veto aux résolutions anti-israéliennes au Conseil de Sécurité. De plus, les bonnes intentions affichées par les démocrates vis-à-vis des Palestiniens ne se concrétisent pas par des actions sur le terrain. Alors pour compenser – et pour apaiser le courroux de la frange extrémiste du parti – le Département d’Etat fait preuve d’une indulgence excessive pour les dirigeants de l’Autorité palestinienne, dont le mandat est expiré depuis longtemps et qui n’est pas pressé d’organiser de nouvelles élections ; la corruption, les abus des droits de l’homme et l’encouragement au terrorisme ne font l’objet que de remontrances mineures. Par contre ce département ne ménage pas ses critiques vis-à-vis de l’Etat juif. Il lui est reproché régulièrement de prendre des initiatives qui « risquent » de rendre plus difficile encore la solution à deux Etats. Il semble que les Américains n’ont pas encore compris que c’est une solution dont le Hamas de Gaza ne veut à aucun prix car son objectif est de rayer Israël de la carte. Quant aux dirigeants de Ramallah ils se refusent toujours à accepter l’existence d’un Etat juif. Mais ce qui est proprement exaspérant, c’est l’apparence d’objectivité que veut se donner l’Administration Biden et notamment les appels à la retenue « des deux côtés ». Ainsi après l’attentat d’Ariel, le porte-parole du département d’Etat présente d’abord ses condoléances aux familles des civils israéliens et palestiniens tués pendant les dernières 48 heures avant de condamner l’attaque terroriste dans laquelle trois Israéliens ont été tués et trois autres blessés. Et d’enchainer comme à l’accoutumée : « Il est indispensable que les parties prennent des mesures d’urgence pour éviter d’autres pertes de vies humaines ». On se demande quel genre de mesures peuvent être attendues côté palestinien où les « martyrs » sont glorifiés, leurs portraits ornent les murs des écoles et leurs familles sont rémunérées ? Tout de même cette fois les Américains ont compris qu’ils étaient allés trop loin. Alors pour « réparer » l’ambassadeur américain en Israël, qui avait annoncé que jamais au grand jamais il se rendrait dans les colonies, a rompu le tabou qu’il s’était fixé et s’est rendu pour la première fois depuis son arrivée dans une « colonie » pour faire une visite de condoléance à la famille d’une victime de l’attentat d’Ariel. Une visite suivie par un communiqué de l’ambassade précisant que la politique américaine concernant les colonies restait inchangée.
Michèle Mazel