Paris 1942, en pleine occupation nazie, Monsieur Haffmann, bijoutier décide de confier la propriété de son affaire, à son employé Pierre Vigneau. En échange, celui-ci s’engage à le cacher.
« Adieu Monsieur Haffmann », la pièce de Jean-Philippe Daguerre, couronnée des 4 plus prestigieux Molières en 2018, sera jouée en Israël les 10 et 11 mars. Julie Cavanna (Molière de la Révélation féminine), la comédienne principale, nous fait partager sa vision de cette petite histoire dans la grande Histoire.
Le P’tit Hebdo: Qu’est-ce qui fait la force de cette pièce qui traite d’un sujet déjà beaucoup décliné au théâtre?
Julie Cavanna: Je pense que c’est d’abord la personnalité de son auteur. Jean-Phililppe Daguerre est un homme aux qualités merveilleuses. Cela se ressent dans son texte. On pourrait penser que le sujet central est l’histoire d’un couple rongé par le désir d’enfant. Le fait de l’avoir placé pendant la Shoah, dans ce contexte de tension et de violence ajoute au désespoir. Le combat de ce couple prend une ampleur particulière parce qu’il symbolise la pulsion de vie qui demeure plus forte que tout, ce besoin de vie même et peut-être surtout au milieu du chaos.
Lph: Dans le contexte actuel, cette pièce a-t-elle pour vous un sens moderne aussi?
J.C.: Cela fait trois ans que je joue cette pièce. Je me souviens d’une représentation à Avignon, juste après l’attentat du 14 juillet à Nice. Une des répliques de mon personnage a soudain résonné différemment pour moi: je suis devenue consciente que l’on n’était à l’abri nulle part et que même notre liberté d’expression était menacée. La violence fait irruption dans notre quotidien et cette pièce transmet un message nécessaire. Le personnage de Pierre est très symptomatique. C’est un homme fondamentalement bon, il veut être quelqu’un de bien mais il va être emporté, par sa jalousie, dans une haine qui deviendra raciale, malgré lui. A travers cette pièce, on s’interroge sur les leviers de nos actes, ce qui nous pousse à pencher d’un côté ou de l’autre.
Lph: Qu’est-ce que cette pièce vous a apporté personnellement?
J.C.: Depuis trois ans que j’interprète le rôle d’Isabelle, je peux dire qu’elle fait partie de ma vie. Elle m’a bouleversée, c’est une femme avec beaucoup d’assurance et des valeurs que j’admire et que j’envie. Son côté très terre à terre m’a fait du bien.
Lph: Quel est le public qui est venu vous voir jouer en France?
J.C.: Nous nous adressons à tous les publics: adolescents, adultes et chacun en ressort touché pour des raisons différentes. Cette pièce aide à aborder l’histoire par le biais de l’humain, de l’intime. D’ailleurs, les représentations scolaires sont très réussies: nous n’avons jamais eu de chahut et à la fin, on nous pose des questions très intéressantes.
Lph: Jouer cette pièce en Israël est-ce comme la jouer en France?
J.C.: Certainement pas. Elle reçoit en Israël un tout autre écho. D’ailleurs la comédienne qui interprète Suzanne, la femme de l’ambassadeur nazi, appréhendait parce que dans son texte, il y a beaucoup de blagues sur les Juifs. En France, cet humour en a choqué certains.
Mais le sentiment qui domine c’est le bonheur de venir jouer à Tel Aviv, la pièce prend un sens symbolique, ce n’est pas anodin. Surtout, nous espérons avoir de beaux échanges avec le public après la représentation, c’est un moment que nous attendons aussi.

Adieu Monsieur Haffman
Dim 10 et Lun 11/03, Tel Aviv Réservations: www.livestage.show / 03-966-41-08
le petit hebdo sut internet ,,,,,????? bonne idée !!!!