La décision de la Cour suprême contre l’accord sur le gaz dans sa mouture actuelle a suscité des réactions très vives au sein de la coalition qui a dénoncé la prise de position des juges. En revanche, dans l’opposition, on ne cache pas sa satisfaction. Ceux qui s’opposent à cet accord estiment qu’il favorise les intérêts des deux compagnies qui ont signé un contrat avec le gouvernement (le groupe américain Noble Energy et la société israélienne Delek Drilling) pour l’exploitation des réserves de gaz en Méditerranée au détriment des consommateurs.
La ministre de la Justice Ayelet Shaked (Habayit Hayehoudi) a dénoncé une ‘intervention brutale et superflue contre une décision du gouvernement’, estimant qu’elle ‘portait sérieusement atteinte à l’économie d’Israël’. Elle a ajouté : « Le gouvernement ne peut pas être responsable de l’essor de l’économie du pays s’il est privé de l’autorité qui lui permet d’agir. Il est impossible de travailler ainsi dans un Etat de droit ».
Le ministre de l’Intégration et de Jérusalem Zeev Elkin (Likoud) a lui aussi protesté contre la décision de la Cour suprême, lui reprochant également de s’immiscer dans les affaires de l’Etat sans assumer ses responsabilités. Et d’ajouter : « Cette intervention va être nuisible à l’économie d’Israël et va priver son budget de plusieurs milliards qui auraient pu être utilisés pour l’aide sociale, la santé ou d’autres besoins ».
Visiblement courroucé, il a encore déclaré : « N’oublions pas que ceux qui seront responsables de cette situation sont des juges qui siègent dans la ‘tour d’ivoire’ de leur tribunal ». Il a alors indiqué que ‘cela prouvait, une fois de plus, comme il le disait déjà depuis un certain temps avec plusieurs de ses collègues, qu’il fallait procéder à une réforme profonde du système judiciaire israélien afin de ramener la démocratie israélienne à la raison’.
Le ministre de l’Energie Youval Steinitz (Likoud) a qualifié la décision de la Cour suprême de ‘lamentable’, mettant en garde contre ses retombées ‘irréversibles’ sur le développement du marché du gaz, sur la sécurité énergétique et sur l’économie israélienne.
Mais pour la députée Shelly Yehimovitch, la Cour suprême a fait le bon choix et il s’agit pour elle d’une décision ‘historique’. Elle a considéré que la clause que Netanyahou avait tenu à introduire (qualifiée d’inacceptable par la Cour parce qu’elle empêchait la modification de l’accord pendant une décennie) était dès le départ ‘anormale’ et ‘dépourvue de toute logique légale’. Photo Gili Yohanan/POOL – Aroutz Sheva
