Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas (Abou Mazen de son nom de guerre), tente d’obtenir un soutien international à la proposition de décision qu’il a envoyée à certains membres du Conseil de sécurité de l’ONU, décision qui appelle à la condamnation des constructions dans les implantations de Judée-Samarie et à Jérusalem Est. C’est sa deuxième tentative dans ce sens, après que les États-Unis ont mis leur véto sur une décision similaire en 2011. Depuis des décennies, Abbas vise à la destruction d’Israël par la voie diplomatique, et pas par le biais de la guérilla et le soulèvement populaire, quoiqu’il ne se prive pas de financer les familles des terroristes et de donner leur nom à des rues et des écoles sous contrôle de l’Autorité palestinienne.
Nombre de ses faits et dires corroborent cette ambition : Abou Mazen a récemment déclaré à la Télévision palestinienne que « l’occupation » israélienne dure déjà depuis 68 ans, explicitant ainsi que pour lui les « territoires occupés » ne se limitent pas à la Judée-Samarie, mais constituent toute la superficie de l’État d’Israël. Il rappelle souvent qu’il ne reconnaîtra jamais l’État d’Israël comme l’État du peuple juif, et qu’il ne renoncera jamais au « droit du retour » de tous les réfugiés, et de leurs descendants. Sur son site officiel en arabe, on peut lire son doctorat, dans lequel il affirme que les Sionistes ont collaboré avec les Nazis, quand selon lui, les Sionistes auraient fait pression sur les Nazis, pour que ces derniers tuent le plus possible de Juifs non Sionistes et antisionistes, en vue d’obtenir le soutien international nécessaire à l’établissement de l’État d’Israël. Il y nie aussi l’ampleur de la Shoah, se basant sur les « études » du négationniste Faurisson. De plus, les livres scolaires palestiniens vantent l’importance du Jihad, en vue de détruire l’État d’Israël, qui ne figure d’ailleurs sur aucune des cartes des manuels.
Abbas se maintient au pouvoir, en violation absolue des accords et de la loi : en 2009, auraient dû se tenir des élections, qu’il repousse encore et encore. Son gouvernement est notoirement corrompu, et les Panama papers ont dévoilé la partie émergée de l’iceberg : les millions de dollars de son propre fils et de son ex-ministre de l’Économie, Mohammad Moustapha.
Mais les gouvernements occidentaux, et Israël à leur tête, se voilent la face : la coordination avec ses forces de sécurité fonctionne tant bien que mal, aux yeux des dirigeants, et la crainte que des élections amènent le Hamas ou d’autres partis islamiques au pouvoir, l’emporte sur la souffrance des Palestiniens opprimés par les dirigeants corrompus, et sur le respect des accords et de la loi.
L’initiative diplomatique lancée par Abou Mazen porte déjà des fruits. L’importance croissante du vote musulman dans les pays occidentaux, à laquelle s’ajoutent les intérêts économiques de l’Europe, les États-Unis, la Russie et la Chine dans les pays musulmans, risque d’entraîner des prises de position anti-israéliennes virulentes, qu’il sera facile d’habiller de condamnation de « l’occupation » israélienne, de « l’apratheid » et de la réparation de « l’injustice historique contre les Palestiniens ». En témoignent les prises de position honteuses de Sanders, l’un des candidats démocrates à la présidence des États-Unis.
Les costumes et discours en anglais, « bien repassés », du président de l’Autorité palestinienne ne peuvent cacher ses visées.
Israël, dans son apathie, risque de payer cher tant sur le plan diplomatique que sur les conséquences de la formation antisémite des enfants palestiniens, et leur préparation au Jihad contre lui. Le calme, si relatif au vu du dernier attentat à Jérusalem, sera vite oublié. Il ne faudrait pas attendre qu’il soit trop tard, comme cela a été le cas avec le Hamas, soutenu à ses débuts par Israël, comme contrepoids à l’OLP.
Ephraïm Herrera est docteur en histoire des religions, diplômé de la Sorbonne et vient de publier « Les maîtres soufis et les peuples du livre » aux Éditions de Paris, ainsi que « Le Jihad, de la théorie aux actes » et « Étincelles de Manitou » aux éditions Elkana.
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