C’est sur eux que repose la tâche essentielle de comprendre la mentalité et de “se mettre dans la tête” de l’ennemi… Mais, en s’obstinant à minimiser la violence intrinsèque à l’islam et à considérer les membres du Hamas comme des “êtres humains comme nous”, les experts des renseignements militaires et sécuritaires se sont empêchés d’anticiper l’attaque du 7 octobre, en dépit de tous les signes annonciateurs. Premier volet d’une série d’articles consacrée aux orientalistes israéliens qui n’ont rien compris au Hamas. P.L.
J’ai récemment interviewé, avec André Darmon, le général (rés.) Israël Ziv, devenu un invité régulier des plateaux de télévision et des radios depuis le 7 octobre. Dans l’entretien qui paraît ces jours-ci dans Israël Magazine, il raconte comment il est descendu vers Gaza dès le matin de Simhat Torah et les combats qu’il a menés pendant les jours qui ont suivi. Ziv est un homme courageux et sympathique. Mais, lorsque je lui ai demandé si le retrait du nord de la Samarie était une erreur, il devenu très ironique et presqu’agressif, en entonnant le refrain bien connu sur “Ben Gvir et Smotrich”.. Aux yeux de Ziv et de bien d’autres, il n’est pas question de changer d’un iota leur vision du monde après le 7 octobre.
Cette attitude de mépris intellectuel est sans doute un des éléments clés de la “Conceptsia” qui a mené au 7 octobre, laquelle est partagée par de nombreux membres de l’establishment militaire, politique et sécuritaire israélien. Dans les lignes qui suivent, nous voudrions nous attacher à une des facettes moins connues de cette Conceptsia, celle des “orientalistes” et des spécialistes de l’islam au sein de l’establishment sécuritaire et des renseignements. Ce sont en effet ces derniers qui ont forgé la “conception” israélienne dominante concernant le Hamas depuis 2006, c’est-à-dire depuis l’arrivée au pouvoir du Hamas consécutive au retrait israélien de Gaza en 2005.
Pour réaliser à quel point cette Conceptsia était éloignée de la réalité du Hamas et de son idéologie, il suffit de lire l’extrait suivant d’une interview donnée par Avraham Sela au quotidien Ha’aretz, le 19 octobre 2023. “J’ai appartenu pendant 16 ans aux renseignements militaires, et aujourd’hui je suis à l’université, et je souhaite apporter la voix de la logique. Ni la vengeance, ni la victoire. Aujourd’hui il faut faire parler la logique, même lorsque notre sang bout… L’argument selon lequel les Arabes auraient une attitude [envers nous] inscrite dans leur A.D.N., est stupide à mes yeux. Car en fin de compte, nous avons affaire à des êtres humains”.
L’auteur de ces mots n’est pas n’importe qui. Il a occupé le poste d’analyste au sein des Renseignements militaires pendant 16 ans, avant d’aborder une carrière universitaire. Il est l’auteur avec Shaul Mishal d’un des ouvrages de référence sur le Hamas, paru en l’an 2000 aux éditions Columbia University Press, sous le titre The Palestinian Hamas, Vision, Violence and Coexistence. Lorsque j’ai lu ce livre, quelques années après sa parution, je travaillais moi-même à un ouvrage sur le Hamas, après avoir publié un premier livre sur les Frères musulmans. J’ai éprouvé en lisant le livre de Mishal et Sela un sentiment de malaise, que je ne parvenais pas à définir alors. En le relisant après le 7 octobre, j’ai compris pourquoi. L’extrait suivant est révélateur de l’esprit dans lequel il a été rédigé.
“Comment le Hamas a-t-il combiné le dogme religieux avec la pratique ? Quelles étaient les racines de la flexibilité qui a permis au Hamas d’échapper à la tentation de traduire sa rigidité normative en une attitude de “tout ou rien” ? Et plus loin : “Les perspectives analytiques fondées sur des métaphores linéaires et des modes de pensée binaires ne peuvent pas appréhender ces incertitudes et ces complexités… C’est en s’écartant de la perception binaire qu’on parvient à une nouvelle manière de comprendre la complexité de la politique du Hamas, qui a permis au mouvement de manœuvrer entre la prose de la réalité politique sans jamais cesser de réciter la poésie de l’idéologie”.
J’aurais évidemment beau jeu de moquer cet extrait – et la métaphore poétique particulièrement inadaptée pour designer l’idéologie meurtrière du Hamas – à la lueur de ce que l’on sait aujourd’hui. Mais mon propos n’est pas de tourner en dérision le livre de Mishal et Sela, au demeurant intéressant, mais bien de saisir ce qui, dans leur manière de considérer le Hamas, a abouti à la Conceptsia et au 7 octobre… Pour résumer, c’est leur obstination à récuser toute lecture culturelle – et plus précisément toute lecture fondée sur la culture arabo-musulmane du mouvement islamiste palestinien – qui est caractéristique de l’état d’esprit des tenants de la Conceptsia. Or, c’est précisément la culture de l’islam qui est la clé de la compréhension de l’idéologie du Hamas et, plus largement, du fait que la plupart des habitants de Gaza – sans être eux-mêmes membres ou affiliés au mouvement, partagent son idéologie et ont approuvé les exactions du 7 octobre. (à suivre…)
Pierre Lurçat
Assez incroyable de lire ça.
Oui, très exactement.
Peut-on demander aux gazaouites de renier le coran ?
Tant qu’on ignorera l’aspect religieux du jyhad (un comble), on sera dans l’erreur.
Les Aschkenazes ne comprennent pas les Arabes « « leur mental « leur est étranger et échappe à leur rationalité.
Ce n’est pas une tare aszkenaz. C’est un problème qui dépasse ces hommes; c’est comme une volonté de s’accrocher à l’idée rassurante : que ça ira mieux naturellement, que le mufti Husseyni et que l’einsatzgruppe qui sous les ordre du commandant Rauff devait tuer jusqu’au dernier les Juifs du Ichouv, ne représentaient qu’eux-même dans une époque révolue.
Si, c’est une problématique ashkenase qui aurait mieux fait de s’appuyer sur nous.
On vous aurait expliqué quelles stratégies sont à mettre en place avec le monde arabe et comment les traiter.
Il faut impérativement limiter le travail sur le sol des palestiniens et MM l’annuler.
Peut importe ce que l’on dira.
Il n’y pas que les orientalistes qui n’ont rien compris, j’en connais d’autres……
Ah! Vous prétendez vous connaître alors….
Orientaliste expert militaire, pendant 16 ans et en plus désormais professeur universitaire. De cette discipline. Il devrait impérativement choisir une autre orientation.
Car, on a plutôt l’impression qu’il a suivi les cours de littérature Sur les” mille et une nuits”
Ce qui est clair, c’est que de croire qu’il existe un universalisme qui réunit tous les êtres de la planète, n’est une simple erreur, mais une faute morale. Le politiquement correct qui a mis dans la tête d’une grande partie de la population non musulmane, non africaine, mais également non chinoise ou indienne (et sans doute d’autres) que nous avions les mêmes valeurs universelles des droits de l’homme est une hérésie. L’ONU en est l’illustration.
Les événements sont plus forts que les idéologies stupides : les personnes douées de bon sens deviennent de fait des messianistes qui savent que la destruction de leur ennemi est la seule possible. Et face à l’inhumanité, il faut savoir faire preuve de courage sans perdre notre humanité.
En France certains le comprennent de mieux en mieux. La chose la plus terrible reste en effet les membre de notre cher peuple qui ne parviennent pas à l’intégrer.
On peut reprocher ce que l’on veut à Ben Gvir et Smotritch, en particulier un certain manque de diplomatie et de maturité, mais leur idéologie est saine. Je me souviens. Lorsque les bibistes vantaient avec délice le rayonnement international de leur héro et que je rappelais que seul le peuple d’Israël m’importait, j’espère qu’aujourd’hui, avec l’actualité, ils ont pu intégrer que seul le peuple d’Israël compte et que nos “amis” américains ne cherchent pa notre bien.
Je suis bien d’accord cher Moshé. Les bibistes sont coïncés dans la conceptia , comme toute la gauche et les députés du Likoud ont peur de Bibi . Smotrich est un peu “timide” , seul Ben Gvir en a.
Tout d’abord, merci Mr Lurçat de lever ce tabou sur ” l’humanité ” des arabes en général et des gazaouis en particulier.
Tous ces éminents idéologues de la conceptsia qui, de force et d’acharnement intellectuel, ont voulu et veulent certainement encore intégrer dans le logiciel du juif cette supposée “humanité” islamique, ne sont pas prêts de désarmer.
Par définition l’idéologie est une prison, puisqu’elle, au détriment de toute logique, ne déroge pas à sa finalité qui de fait devient une obsession. Il ne faut pourtant pas sortir de st cyr ou polytechnique pour comprendre l’idée fixe ultra simpliste de l’islam qui se résume à soumettre l’humanité toute entière à ses “valeurs” coraniques. Il n’y a que les intellos prétentieux qui pensent pallier cette idée fixe en provoquant une introspection humaniste chez les arabes. La conceptsia part du principe qu’on est tous outillés du même cerveau, si c’était le cas comment expliquer l’antisémitisme (entre autres inepties)?. Comment expliquer la haine d’une chose qu’on ne connait pas? Ma réponse tient en deux mots : CONNERIE et IDÉOLOGIE.
Pour comprendre l’islamisme, il faut déjà savoir analyser Israël selon une grille nationale et conservatrice. Le mouvement de Jabotinsky, d’origine libérale a bien voulu intégrer la Tradition, mais sans conviction, trop heureux de bénéficier des avantages du pouvoir. Il est urgent de réaliser une transformation nationale conservatrice car la démocratie libérale ne pourra jamais vaincre l’islamisme.