Jérusalem aussi, malgré son annexion par l’Etat d’Israël, subit les ralentissements de la construction voire du gel de ces dernières années.
LPH fait un point avec Meir Turgeman, Adjoint au Maire et Président de la commission municipale de la construction et de la planification.
Le P’tit Hebdo: Que vous ont inspiré les récentes festivités du jubilé de la réunification de Jérusalem?
Meir Turgeman: J’ai été ému et heureux. Je suis né à Jérusalem et pour moi les 50 ans de sa réunification sont un moment fort et chargés de sens. J’espère que les 50 prochaines années seront aussi belles.
Lph: Vous tirez un bilan positif de ces 50 ans?
M.T.: La ville avance à grand pas, surtout ces dernières années. Nous développons la capitale dans tous les domaines. Les touristes affluent vers Jérusalem et ce qui est notable et nouveau, c’est que même les touristes israéliens viennent alors qu’auparavant c’étaient les habitants de Jérusalem qui visitaient les autres endroits du pays. La ville est aussi devenue un centre d’affaires et industriel en pleine expansion. La société Mobileye va installer de grands bureaux à Jérusalem, apportant 4000 ingénieurs dans la ville, c’est une force considérable.
Lph: Et la construction? Ou construit-on aujourd’hui à Jérusalem?
M.T.: La question devrait plutôt être, où ne construit-on pas?! Beaucoup de projets sont en cours à Guilo, à Pisgat Zeev, à Ramot, à Ramat Shlomo,… Le seul quartier dont le sort ne soit pas encore réglé est celui de Guivat Hamatos, 3000 unités de logement prévues dont 600 pour le quartier arabe de la zone, Beth Zafafa. Ce projet est bloqué au niveau du bureau du Premier ministre. Le ministre du logement, lui-même, que j’ai rencontré récemment, n’est pas en mesure d’expliquer les raisons de ce blocage.
Lph: Chaque mètre carré construit à Jérusalem doit-il obtenir au préalable l’accord du gouvernement et même de l’administration américaine?
M.T.: Jérusalem est différente de toutes les autres villes. Le gouvernement y est très impliqué. Les constructions doivent être autorisées par les ministres concernés. Je pense, effectivement, que cela est lié aux relations avec les Etats-Unis.
Lph: Avec Donald Trump à la Maison Blanche, sentez-vous que les choses se déroulent différemment?
M.T.: Clairement oui. A l’époque d’Obama, je recevais chaque semaine des appels du bureau du Premier ministre me demandant de retarder telle construction ou de bloquer tel projet. Depuis que l’administration Trump est aux commandes, nous traçons notre route. Les projets voient le jour.
Lph: Quels sont les futurs projets que vous pensez pouvoir concrétiser?
M.T.: J’ai évoqué plus haut des quartiers en plein essor immobilier. Parallèlement, nous travaillons à la construction d’unités de logement à Atarot.
Il faut tenir compte aussi que la construction ne se limite pas aux projets neufs. Il s’agit aussi des projets dits ”Pinouy Binouy” de renouvellement urbain, Ces travaux de démolition des vieux bâtiments pour en construire de nouveaux avec plus de logements à la place, permettra la construction de 40000 unités de logement supplémentaires dans les cinq prochaines années. A cette quantité énorme de nouveaux logements s’ajoute l’augmentation de la qualité de vie dans les quartiers concernés. Bien souvent, les travaux permettent de réhabiliter des immeubles délabrés et de redonner des couleurs à des zones défavorisées de la capitale.
Enfin, je rappellerais que le développement de la construction s’accompagne d’une amélioration des infrastructures, également centrale dans nos projets.
Lph: Qu’en est-il des quartiers arabes de Jérusalem où les constructions illégales sont courantes?
M.T.: C’est vrai, au moment où j’ai pris mes fonctions de Président de la commission de la construction et de la planification, les constructions arabes illégales étaient courantes. J’ai décidé de nouer un contact avec ces populations pour leur expliquer qu’elles avaient tout à perdre en se comportant de la sorte. D’une part, leurs constructions seraient amenées à être détruites et d’autre part, ces démolitions seraient assorties de lourdes amendes. Je leur ai garanti que s’ils étaient prêts à travailler avec la mairie, je les aiderais. Ma démarche a payé.
Je pars du principe, et cela est prouvé sur le terrain, que si les Arabes de Jérusalem ont un emploi et un logement décents, alors ils se détourneront du terrorisme. C’est aussi la raison pour laquelle nous avons créé des activités pour les jeunes jusqu’à 18h, diminuant ainsi les jets de pierre sur les tramways.
Lph: A vous entendre, l’optimisme peut être de mise concernant la construction à Jérusalem?
M.T.: Je suis convaincu que nous entrons dans une période propice pour le développement de Jérusalem et j’en suis très heureux. Il est très important pour moi que Jérusalem garde ses lettres de noblesse, qu’elle demeure la plus sainte, la plus belle, celle vers qui tous les regards se tournent. Bien entendu, nous devons rester vigilants sur le rythme des constructions, nous devons améliorer certaines procédures, rendre nos rues encore plus propres. Nous sommes sur la bonne voie pour attirer de plus en plus de monde, des jeunes et des moins jeunes. Vivre, habiter à Jérusalem doit devenir une évidence à la portée du plus grand nombre.
Propos recueillis par Guitel Ben-Ishay