L’écrivain A.B. Yehousha, l’un des hérauts de la gauche intellectuelle israélienne a une nouvelle fois surpris par son évolution de pensée par rapport à la solution du conflit israélo-palestinien. Dernièrement, il avait déjà créé des remous et des interrogations dans son camp politique en notant qu’un retrait israélien de Judée-Samarie n’était plus réaliste et qu’il fallait imaginer une solution provisoire commençant par une sorte d’annexion des zones C de Judée-Samarie.
Cette fois-ci, il a stupéfait l’assistance d’une soirée organisée par le parti Meretz en souvenir de Yossi Sarid. Deavnt un parterre sidéré, l’écrivain a déclaré qu’il fallait une fois pour toutes sortir du schéma de pensée rigide des « deux Etats », en vogue depuis tant d’années, et envisager d’autres pistes, par excemple une solution basée sur une fédération, comme aux Etats-Unis ou en Suisse. Il propose ainsi d’annexer tous les territoires acquis en 1967, d’accorder la citoyenneté à tous les Arabes palestiniens qui le désirent, de laisser toutes les localités juives en place et d’instaurer un régime fédéral en Israël basé sur trente cantons qui gèreront leurs affaires internes de manière autonome. La politique étrangère et de défense seraient laissés à la compétence d’un pouvoir central.
A.B. Yehoshoua a confié avoir assisté récemment à un congrès du Mouvement fédéraliste israélien et avoir été impressionné par les intervenants qui ont apporté des éléments sérieux, fondés et réalistes quant à cette option.
Inutile de dire que ces propos n’ont pas plu à Zehava Gal-On, dont le rêve éveillé est de voir la création d’un Etat-terroriste au coeur d’Israël avec à la clé des milliers de familles juives expulsées de leurs foyer et leurs villages détruits. Après l’intervention de l’écrivain, la présidente de Meretz est montée à la tribune et a dénoncé « cette tendance à se décourager de la solution des deux Etats, qui est la seule solution possible, et de prôner l’idée de l’Etat unique ».
La solution proposée par A.B. Yehoshoua comporte des avantages et des risques et n’est probablement pas la meilleure solution à ce conflit aux racines profondes. Mais il a le mérite de donner raison aux responsables de Habayit Hayehoudi ou à des politologues de droite qui clament depuis longtemps que la solution des deux Etats est à abandonner et qu’il faut sortir des sentiers battus pour imaginer des solutions créatives, viables et comportant le moins de risques possibles pour Israël.
Photo Miriam Alster / Flash 90