Le Festival du Cinéma français en Israël est de retour du 20 au 31 mars. Pour sa 22 e édition, l’événement, organisé par la société Eden Cinéma en partenariat avec l’Institut Français d’Israël et le soutien d’Unifrance Film, propose une sélection éclectique de quinze longs métrages brassant tous les genres, autour des thèmes du secret et de la dissimulation.
C’est d’un authentique secret de famille qu’il s’agit dans En fanfare, le film d’Emmanuel Courcol qui ouvrira le festival : Thibaut, chef d’orchestre de renommée internationale, apprend qu’il est atteint d’une leucémie. À la recherche d’un donneur de moelle osseuse, il se découvre un frère dont il ignorait l’existence : Jimmy, employé de cantine scolaire dans le nord de la France et qui joue du trombone dans une fanfare. En apparence, tout les sépare, sauf l’amour de la musique… Un film qui a conquis le cœur du public et de la critique.
Parmi les autres longs métrages proposés : La Prisonnière de Bordeaux, avec Isabelle Huppert et Hafsia Herzi, qui conte le parcours de deux femmes que tout oppose hormis la détention en prison de leurs conjoints et qui vont s’engager dans une amitié improbable. Ou encore Jouer avec le feu, adapté du roman Ce qu’il faut
de nuit de Laurent Petitmangin, mettant en scène l’histoire tragique d’une famille dont le fils bascule peu à peu vers des groupuscules d’extrême droite et que son père tente de sauver.
Le festival espère aussi surprendre le public avec notamment Le procès du chien, qui révèle les talents cachés d’une avocate drôlissime, ou Le roman de Jim, film d’auteur qui clôturera le festival. Il vise enfin attirer les téléspectateurs plus jeunes avec Vingt Dieux ou Un ours dans le Jura, le réjouissant thriller teinté d’humour noir de Franck Dubosc.
Caroline Boneh, productrice et directrice artistique chez Eden Cinéma, constate avec bonheur que ce festival a su imposer sa marque en proposant une programmation populaire et qu’il joue aussi un rôle de véritable locomotive dans la promotion du cinéma français auprès des professionnels locaux. « Tandis que certains films que nous présentons ont déjà été achetés par les distributeurs israéliens, notre festival représente l’occasion pour eux de découvrir d’autres longs métrages plus originaux ou décalés, sur lesquels leur choix ne se serait pas d’emblée porté », explique-t-elle. « Ce qui est en jeu ici, c’est l’avenir du cinéma français en Israël. C’est notamment parce que le festival a donné accès à des films plus pointus ou différents que les distributeurs ont commencé à prendre des risques en les achetant. Et ces œuvres trouvent leur public », ajoute Caroline Boneh.
Les Israéliens de souche, qui représentent 80 % du public drainé par le festival, comptent en effet beaucoup de cinéphiles qui apprécient particulièrement le cinéma français. Les distributeurs ne s’y trompent pas et ce sont une quinzaine de films français qui sont projetés chaque année dans les salles obscures du pays. Mais qu’est ce qui plaît tant aux Israéliens dans le cinéma bleu blanc rouge ? « Comme tous les spectateurs à l’international, ils sont touchés par cette patte bien particulière du cinéma français : une certaine manière d’analyser les sentiments et d’appréhender l’intime, qui confère aux films une humanité sans pareille », juge
Caroline Boneh.
L’autre point fort du Festival du Cinéma français est son aspect itinérant : les films sont projetés dans les cinémathèques du nord au sud du pays, de Rosh Pina à Sdérot, en passant par Tel Aviv et Jérusalem. « C’est un grand bonheur pour nous d’aller vers les gens, de ne pas nous cantonner aux grandes villes, et de
présenter nos films dans des localités plus petites et reculées », affirme Caroline Boneh qui parle même de « mission ». Elle met en avant le très grand nombre de cinémathèques par rapport à la taille du pays, autre preuve, s’il en faut, de l’amour d’Israël pour le septième art.
Dans les cinémathèques de Tel Aviv, Jérusalem, Haïfa et Herzliya, le Centre
ENNIS de Jaffa, Holon, Sdérot, Rosh Pina et Dimona
Programmation et réservations : https://www.edencinema.com/
Article de Johanna Afriat publié dans Actualité juive